« Spencer »* de Pablo Larraín avec Kristen Stewart, Timothy Spall, Sean Harris, Sally Hawkins, etc. Durée: 1h51’
Un épisode de la vie de la Princesse de Galles, à savoir le réveillon de Noël 1991 (6 ans avant sa disparition à Paris, le 31 août 1997) à la Sandringham House dans son village natal dans le Norfolk,réalisé par le cinéaste chilien qui nous avait déjà brossé, il y a 5 ans, le portrait brillant mais aussi sombre de Jackie Kennedy, incarné par Nathalie Portman. Avec une Kristen Stewart qui se glisse avec élégance et un mimétisme impressionnant des gestes dans la peau de Diana, seule et déstabilisée dans une vie entièrement régentée par le protocole, le film résonne comme une triste fable inspirée d’une histoire réelle dont on ne doute pas un seul instant qu’elle soit très proche de la réalité. Malgré une mise en scène intéressante, le rapprochement historique avec Anne Bolleyn, une autre (future) reine malmenée (épouse de Henri VIII, répudiée et assassinée par… amour pour une autre !), le film ne parvient pas à s’émanciper de l’image de cette princesse, héroïne malgré elle et sacrifiée dès le début…https://www.youtube.com/embed/WllZh9aekDg?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« There is No Evil/ Le Diable n’existe pas” de Mohammad Rasoulof avec Kaveh Ahangar, Mahtab Servati, Alireza Zareparast, Shaghayeh Shoorian, Baran Rasoulof, etc. Durée : 2h30’. ****
Si vous deviez choisir un seul film à voir dans les salles obscures, c’est sans hésiter celui-ci ! il est l’un des plus brillants que j’ai vus ces dernières années et, à mes yeux, le meilleur, tous genres confondus, du cinéma iranien. Mais vous ne m’avez certainement pas attendue pour en entendre parler car il a été récompensé par l’Ours d’or à Berlin en 2020. Sauf que le réalisateur n’était pas là pour recevoir son prix car il était en prison depuis juillet 2019 pour avoir osé critiquer le régime iranien. C’est qu’on ne plaisante pas avec les mollahs. Sa fille qui est actrice et joue dans le film l’a récupéré à sa place.
Ayant l’interdiction formelle de tourner, Rasoulof a trouvé le moyen de contourner habilement la censure en introduisant quatre demandes pour quatre courts métrages, signés chacun du nom d’un réalisateur différent. Etant moins attentive sur ce format, ils sont passés inaperçus et le réalisateur n’a plus eu qu’à les assembler ! On a donc droit à quatre histoires qui, bien que différentes ont toutes un lien entre elles. Elles ont aussi chacune leur ‘secret’ que nous découvrons au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue.
Quelle critique du régime intelligente et brillante et mon dieu, comme la société iranienne est bâillonnée et souffre dans ses entrailles… Voilà l’un des plus beaux exemples de ce que le cinéma peut apporter dans la connaissance d’une culture, lui qui est sans doute, un moyen efficace pour arriver éventuellement un jour à faire évoluer les mentalités.
« The is No Evil » est non seulement un chef-d’oeuvre mais aussi le film par excellence à étudier dans une école de cinéma, tant il y a à analyser à tous les niveaux. Exceptionnel. https://www.youtube.com/embed/HgyisKVoFzY?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Animal » de Cyril Dion avec Bella Lack et Vipulan Puvaneswaran. Durée : 1h45’ ***
Après le succès planétaire de « Demain » en 2016 et une certaine déception face à des changements d’attitude qui ne se font pas ou très (trop) lentement, Cyril Dion remet le pain sur la planche en adoptant un autre point de vue : il choisit deux adolescents, l’un parisien d’origine sri-lankaise, l’autre londonienne, qui font partie de cette génération où la prise de conscience du désastre écologique est bien réelle et, ils les embarquent pour un tour aux quatre coins du monde – de la France au Costa Rica en passant par le Kenya. Il leur met sous les yeux des initiatives courageuses et efficaces, autrement dit oui, des changements sont possibles et il existe des solutions concrètes. Et cela marche tant chez eux que chez nous, spectateur lambda, car face au constat amer où l’on se sent inévitablement perdu et pessimiste, on se remet à y croire. Espérer au lieu de se lamenter. Une démarche un peu similaire à celle de Florence Vasseur dans « Bigger Than Us », sorti récemment en salle que nous avions beaucoup aimé.
« Animal » est certainement un film qu’il faudrait montrer dans les écoles (même s’il faut se heurter à des formalités souvent décourageantes…)
Commencez déjà par y emmener vos grands et petits enfants car c’est à eux, en priorité, que ce film s’adresse. Nous étions 6 et ils ont tous adoré, sans parler des discussions qu’il a généré. https://www.youtube.com/embed/GZf8fFsro8Y?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
“ Madres paralelas “ de Pedro Almodóvar avec Penélope Cruz, Milena Smit, Israel Elejalde, Aitana Sánchez-Gijón, Rossy de Palma, etc. Durée : 2h ***
On l’attendait depuis sa présentation à La 78e Mostra de Venise en septembre où il a fait l’ouverture. Rien que cela ! Il arrive tout juste sur nos écrans, auréolé d’une belle brochette de critiques unanimement positives.
“Madres paralelas” raconte plusieurs histoires sensibles imbriquées les unes dans les autres et c’est peut-être cela qui fait sa force. Des histoires familiales, personnelles, relationnelles et surtout historiques, celles d’un passé qu’il ne faut pas taire et qu’il n’est jamais trop tard de dévoiler. Almodóvar signe à mes yeux l’un de ses films les plus profonds, utiles surtout, abordant courageusement un thème encore difficile aujourd’hui, même si des décennies ont passé : la guerre civile que porte encore en soi la génération de ses parents (et des nôtres.) Si le travail de mémoire est le sujet principal, le réalisateur l’aborde par le biais de personnages dignes et honnêtes vis-à-vis d’eux-mêmes. Des caractères forts et indépendants qui incarnent aussi de belles valeurs humaines.
Même si le(s) sujet(s) est plus sérieux qu’à l’accoutumée, on reconnaît la patte du maître du début à la fin, sans même parler du générique. Du grand Almodovar.https://www.youtube.com/embed/fahQARfx6EM?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« E stata la mano di Dio » (La main de Dieu) de Paolo Sorrentino avec Filippo Scotti, Toni Servillo, Luisa Ranieri, Teresa Saponangelo, Massimiliano Gallo, etc. Durée : 2h10’. ***
Quel film émouvant surtout quand on sait qu’il s’agit non seulement d’un retour aux sources – Paolo Sorrentino est napolitain – mais encore de sa propre histoire (tragique) des années 80.
Produit par Netflix, ce qui explique sa présence cette année à la Mostra de Venise et non au Festival de Cannes (qui n’accepte pas les films qui viennent via ce canal), nous voilà plongés à nouveau dans l’univers singulier de Sorrentino où Toni Servillo, l’acteur fidèle nous prend par la main (pas celle de Maradona) pour nous raconter l’histoire des Schisa, une famille parmi d’autres…
Une saga aussi colorée que typique avec Naples comme décor, dans toute sa fantaisie, sa beauté chaude, sensuelle, lumineuse et ses revers aussi. Les acteurs sont savoureux et la scène (presque) finale entre Fabietto et un célèbre réalisateur napolitain est remarquable à tous points de vue : dialogues, tableaux, profondeur et intensité des propos qui détermineront la vie du jeune protagoniste.
Bref, un film magnifique au rythme doux et léger qui prend soudain un tournant inattendu. Une profonde tristesse s’installe alors inévitablement mais quelques mois (ou semaines ?) plus tard, dans un train qui file vers Rome, on sent heureusement déjà poindre l’espoir.
Premier film autobiographique du réalisateur qui, à 50 ans et 8 films réussit de main de maître ce 9e long-métrage, qu’il devait sans doute porter dans son cœur depuis longtemps…https://www.youtube.com/embed/6o0sbv7s79U?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« House of Gucci » de Ridley Scott avec Adam Driver, Lady Gaga, Al Pacino, Jeremy Irons, Jared Leto, Salma Hayek, Camille Cottin, etc. Durée: 2h38’ ****
L’histoire tragique de la famille Gucci servie par des acteurs exceptionnels, chacun incroyable dans son rôle, réalisée et mise en scène de main de maître dans un rythme qui ne faiblit pas d’un bout à l’autre, alors que le film dure presque 3h. Il n’y a pas une longueur. Fait suffisamment rare pour le souligner. Raffinement, luxe et élégance sont évidemment au rendez-vous et aussi plaisants à regarder que l’attitude manipulatrice de Patrizia, la femme de Maurizio Gucci est difficile à supporter dans la 1re partie… C’est dire comme Lady Gaga excelle dans la prestation. Maurizio nous montre un Adam Driver sans doute au sommet de sa carrière. Et que dire de Camille Cottin… elle est irrésistible !
Librement inspiré d’un bouquin sorti il y a 20 ans, Ridley Scott nous livre un scénario brillant qui ne s’embarrasse pas des détails et avance en musique (Ah l’ouverture du Barbier de Séville), cadrages et montage hors pair. Il est amusant aussi de retrouver dans le rôle de la voyante, l’actrice mexicaine Salma Hayek alias la femme de François Pinault.
Décidemment le réalisateur britannique qui sort à quelques semaines d’intervalle « The Last Duel », tient fameusement la forme à 84 ans.
Une dernière chose à vous dire : avoir choisi Al Pacino pour interpréter l’un des deux frères Gucci est un trait de génie car ses origines italiennes nous font presque oublier que le film est tourné en anglais ! https://www.youtube.com/embed/eGNnpVKxV6s?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Julie (en 12 chapitres) » de Joachim Trier avec Renate Reinsve, Anders Danielsen Lie, Herbert Nordrum, Maria Grazia Di Meo, etc. Durée : 2h01’. ****
Portrait en 12 séquences – avec prologue et épilogue – de Julie, une jeune norvégienne dont on suit quelques étapes de sa vie, composée essentiellement d’errements et de questionnements. Un rôle taillé sur mesure pour Renate Reinsve, actrice de théâtre avant tout, qui interprète avec tellement de naturel cette jeune femme désemparée et indécise tant sur le plan professionnel que personnel. Très bonne élève à l’école, elle commence par des études de médecine, avant de bifurquer vers la psychologie, rapidement abandonnée au profit d’un travail dans une librairie pour enfin se tourner vers la photographie. Et c’est parfois très triste et poignant, même si c’est désespérant de voir cette jolie jeune femme passer à côté de tout, gâcher sa vie et celle des autres autour d’elle. Quand on sait que le titre original (en norvégien et en anglais) est « La pire personne du monde », le film prend une autre dimension. Car au-delà du portrait d’une femme et de quelques hommes, d’une ville dont l’ambiance est bien rendue, ce qui est le plus étonnant à mes yeux est la morale qui se dégage en filigranes. Non, il ne suffit pas d’être jolie, d’avoir un charmant sourire, des yeux expressifs et de ravissants petits seins, l’attitude et le comportement de Julie dans la vie sont pénibles et loin d’un exemple à suivre. Nourrie par les écrans et les réseaux sociaux, les régulières notifications sur son smartphone, elle manque des éléments essentiels pour se construire surtout face à Aksel, un dessinateur de BD underground doublé d’un homme construit, posé et mûr, 15 ans plus âgé qu’elle.
Si je ne vous en ai pas trop dit pour vous enlever l’envie de voir ce petit bijou cinématographique, courrez le découvrir car il est un film profond qui aborde des thèmes essentiels comme l’amour, le couple, la vie, la maternité, la famille, la filiation, le temps qui passe et ne reviendra pas… Le tout avec beaucoup de finesse et de subtilité. https://www.youtube.com/embed/EQABCSSPjfg?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Tre piani » de Nanni Moretti avec Elena Lietti, Alba Rohrwacher, Riccardo Scarmacio, Margherita Buy, Denise Tantucci, Alessandro Sperduti, etc. Durée : 1h59’
Après plusieurs films décevants, enfin je retrouve le bonheur qu’apporte un cinéma d’auteur abouti, au scénario intéressant desservi par des acteurs pleins d’humanité, joliment filmés en plus. Les personnages ont tous du relief sans parler de Sara et Dora, les épouses de Vittorio et Lucio, les deux hommes qui portent le film et qui sont, à mes yeux, exceptionnelles. Quels beaux exemples de femmes intelligentes et à l’écoute.
Le film est aussi profond qu’émouvant et prend toute sa dimension au fil du déroulement de l’histoire. Les scènes où la femme du juge qui vient de disparaître parle à leur répondeur automatique (la ‘secretaria telefonica’ (Ah, l’italien) sont poignantes.
Nanni Moretti qui adapte, pour la première fois, un roman israélien qu’il transpose à Rome a gagné encore un Award en analyse de psychologie familiale, le genre qu’il explore depuis ses premiers films. Je garde encore, deux décennies plus tard, un souvenir ému de « La Chambre du fils ». Faisant une parenthèse sur « Quelle serait la définition d’un chef-d’œuvre ? Sans doute l’œuvre, quelle que soit la discipline, dont on se rappelle non pas quelques jours ou semaines après, mais des mois et des années plus tard…
« Tre piani » va sans doute gagner la palme du film le plus sensible à voir dans les salles obscures cet automne. Ne le ratez pas.https://www.youtube.com/embed/5aaq2sAgcl8?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Les Olympiades. Paris 13e » de Jacques Audiard avec Lucie Zhang, Makita Samba, Noémie Merlant, Jehnny Beth, etc. Durée : 1h45’ Interdit aux moins de 16 ans. ***
En théorie : les interviews de Jacques Audiard, les critiques, l’adaptation de trois nouvelles sur la jeunesse, tirées du recueil « Kiling and Dying » d’un romancier californien répondant au nom d’Adrian Tomine, la prestation de Nora alias Noémie Merlant, l’actrice phare du « Portrait de la jeune fille en feu », le dernier film de Céline Sciamma qui a d’ailleurs co-écrit le premier jet du scénario, etc., tout est intéressant et incite à aller voir le film.
Tourné en noir et blanc – parti pris pour faire oublier la ville-musée – dans le quartier du XIIIe arrondissement à forte minorité chinoise où le réalisateur a vécu, on suit les allées et venues tant professionnelles que personnelles, intimes et amoureuses de trois jeunes parisiens intellos ayant fait de très bonnes études dont deux sont d’origine étrangère, chinoise pour l’une et africaine pour l’autre.
Et à part cela, qu’y voit-on ? Des parcours à tous les niveaux aussi chaotiques que décevants, des dialogues inintéressants voire agressifs, une histoire de harcèlement sur les réseaux sociaux qui débouche sur une romance avec une camgirl à succès, une autre de misère affective familiale au sein de la communauté chinoise, etc.
Si c’est cela le film qu’a voulu faire Audiard après e.a. « De battre mon cœur s’est arrêté » (2005), « Un prophète » (2009), « Dheepan » (Palme d’or à Cannes en 2015), fils de Michel (célèbre pour la qualité de ses dialogues) sur l’amour, la sexualité, la pudeur, le romantisme, bref le discours amoureux à l’ère numérique, dieu que c’est pauvre, triste et interpellant. Car ce qui frappe avant tout, c’est la grande solitude dans laquelle évoluent les personnages, alors qu’ils ne sont pratiquement jamais seuls.
Loin de moi de mettre en doute ce portrait d’une certaine jeunesse urbaine au XXIe s. Mais cela valait-il la peine de faire un film ?https://www.youtube.com/embed/Uuzn60F8pAU?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Pleasure » *** de Ninja Thyberg avec Sofia Kappel, Evelyn Claire, Revika Anne Reustle, Kendra Spade Tee Rell,Michael Omelko, Aiden Starr, etc. Durée : 2h01’ Interdit aux moins de 18 ans.
Premier long-métrage de la jeune réalisatrice qui suit le parcours de Linnéa, une jolie suédoise de 19 ans qui débarque à Los Angeles, décidée à devenir la nouvelle grande star du cinéma pornographique.
Elle apprend très vite les arcanes du métier et nous avec elle ! Avec un chiffre annuel global qui tourne autour des 50 milliards de dollars, l’industrie du sexe est un monde en soi. Ninja Thyberg est partie se documenter pendant 6 ans aux Etats-Unis pour écrire le scénario, ce pays qui représente 90% de la production professionnelle mondiale. Ont accepté de tourner dans son film de vraies stars du porno jusqu’au fameux agent des stars du X répondant au nom de Mark Spiegler. Le résultat est saisissant. Le film présenté avec succès dans divers festivals réputés (Cannes, Sundance, Gand, etc.) sort sur nos écrans dans sa version intégrale non censurée, interdit aux mineurs. On découvre un milieu où les hommes font la loi sur des filles consentantes à qui l’on affirme qu’elles restent maîtresses d’elles-mêmes et peuvent arrêter le tournage à tout moment. Là est la face visible mais il y a aussi la face cachée où le pas à franchir pour être abusées par des producteurs malhonnêtes est monnaie courante.
Le film est tourné de manière à ne jamais vraiment mettre le spectateur mal à l’aise, même si certaines scènes sont très dures… La réalisatrice arrive très subtilement à brouiller les frontières entre fiction et réalité et nous ouvre les yeux sur les dessous d’un ‘divertissement’ reposant sur l’exploitation commerciale du corps de la femme. Un sujet brûlant d’actualité aujourd’hui.
Maintenant on aurait envie que Thyberg fasse une seconde partie qui s’intéresserait cette fois-ci à l’autre côté de l’écran : les consommateurs de ce genre de. films car, comme pour la drogue et les addictions en tous genres, sans consommateurs, pas de marchés. Et je ne parle même pas de la pollution numérique générée par la consommation de ces vidéos en ligne.
Pour empêcher que le serpent se morde sans fin la queue, vive l’éducation sur tous ces sujets ‘sensibles’ dès le plus jeune âge. On revient toujours au même point… https://www.youtube.com/embed/KvBBw5ui2YM?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Mourir peut attendre » * de Cary Joji Fukunaga avec Daniel Craig, Lashana Lynch, Rami Malek, Léa Seydoux, etc. Durée : 2h43’
Avec un tel battage publicitaire, vous savez déjà tout sur le dernier James Bond et si vous êtes fan, vous avez déjà été le voir surtout qu’il s’agit bien du dernier de la saga Craig… Quand j’étais jeune, c’était la fête le soir où l’on allait voir le nouveau OO7, les yeux écarquillés devant ces scènes incroyables aussi rocambolesques que glamour avec un héros qui certes changeait de peau mais avait toujours un charme incontestable qui séduisait des femmes aux allures de stars comme il n’en existait que… dans les James Bond ! Le tout dans des décors hallucinants. Aujourd’hui, pour ce 25e épisode, il ne reste plus grand-chose de tout cela, toujours quelques trouvailles de paysages grandioses évidemment mais dans une débauche de violence et bruitage qui relègue tout le reste au second plan. C’est à mes yeux aussi long, très long que peu intéressant… Et oui, j’ose dire que je me suis ennuyée et même endormie malgré le bruit assourdissant et les scènes d’action d’un show et d’une violence inutile. Et je n’ose même pas évoquer le coût de ce genre de films… On ne peut que donner raison à Daniel Craig, qui a endossé aussi la casquette de producteur depuis les deniers épisodes, de se retirer d’un genre qui n’a plus vraiment sa place dans le monde d’aujourd’hui. Désolée, les inconditionnels… https://www.youtube.com/embed/QDMtltHjkDA?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« La Civil » ** de Teodora Ana Mihai avec Arcelia Ramirez, Jorge A. Jimenez, Alvaro Guerrero, Ayelén Muzo, etc. Durée : 2h15’
Un premier film sur un des pans de la société mexicaine réalisé par une cinéaste belgo-roumaine qui vit à Gand… C’est particulier. Teodora Ana Mihai connaît bien le Mexique dont la violence aujourd’hui lui rappelle celle de la Roumanie de Ceaucescu dans les années 80 où elle a grandi et où, dit-elle, on ne pouvait faire confiance à personne, amis, voisins, police, etc. En réalisant ce film très dur qui raconte le parcours d’une mère pour tenter de retrouver sa fille enlevée un soir où elle était de sortie, la réalisatrice aborde avec une mise en scène très noire, les vrais problèmes de la société mexicaine actuelle, suite à la décision du Président Calderón il y a 15 ans, d’en finir avec les narcos… Jusque-là il y avait une sorte d’accord tacite entre les cartels qui a été mis à mal et la violence est descendue dans les rues prenant en otages, dans certains états comme Guerrero et le Michoacán, les citoyens entre forces armées et cartels. Présenté en ouverture de la dernière édition du Festival de Gand en octobre et avant cela, cet été à Cannes dans la section « Un Certain Regard », « La Civil » a été nourri d’un travail de recherches sérieuses par la cinéaste et l’écrivain mexicain Habacuc Antonio De Rosario. Produit entre autres par les frères Dardenne de ce côté-ci de l’Atlantique, il a le mérite d’ouvrir les yeux sur un phénomène de société incontournable et ingérable celui de la société occidentale américaine et européenne, première consommatrice de drogue au monde, sans laquelle tout cela n’existerait pas… https://www.youtube.com/embed/2i6xH9zAIC4?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Un monde » * de Laura Wandel avec Maya Vanderbeque, Günter Duret, Laura Verlinden, Karim Leklou, Laurent Capelluto, etc. Durée : 1h12’
Laura Wandel a choisi de nous montrer un monde à part, celui d’une cour de récréation d’enfants de primaires, vu à travers les yeux, les oreilles, le coeur, la sensibilité, bref l’angle de Nora. Une petite fille dont le frère aîné, à peine plus âgé qu’elle, est victime de harcèlement. En n’imposant aucun texte à ses jeunes acteurs, en élaborant le scénario en collaboration avec eux et en les laissant exprimer leurs sentiments naturellement comme ils les sentaient venir, elle livre un film censé collé le plus près possible de la réalité, une certaine réalité… car Il y a autant de mondes de l’enfance, qu’il y a d’enfants et d’écoles. Cela donne un film particulier. La surveillante, les professeurs, les élèves, l’ambiance générale correspondent certainement à une situation donnée, celle mise en scène par la réalisatrice. Mais la portée du film est moins universelle qu’on ne pourrait le croire. Cela peut être très différent aussi. Il manque pas mal de dynamisme, d’énergie, de ‘rapportage’ dans tous les sens comme le font la plupart des enfants dans toutes les cours de récréation, de solidarité entre les professeurs, d’énergie positive, etc. Si je crois avoir capté l’esprit dans lequel ce film a été fait, j’ai, contrairement à l’avis unanimement positif de la critique, un avis très mitigé sur le résultat. Enfin, je n’ai pas retrouvé dans “Un monde” quelques-unes des grandes caractéristiques de ce monde de l’enfance comme par exemple, la joie ou l’insouciance. https://www.youtube.com/embed/2Y5emDgKQeQ?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« L’homme de la cave » ** de Philippe Le Guay avec François Cluzet, Jérémie Renier, Bérénice Bejo, Jonathan Zacaï, etc. Durée : 1h53’
Le scénario est inspiré d’une histoire vraie arrivée à des amis du réalisateur, qui nourrit en lui l’idée d’en faire un film depuis longtemps. Je ne vais pas vous le raconter car je vous gâcherais le ‘plaisir’…
En lui donnant des airs de polar aux accents sombres et glauques, avec une tension qui monte au fur et à mesure que l’action se déroule, Philippe Le Guay a trouvé le prétexte pour aborder des sujets d’actualité comme le complotisme, le racisme, l’extrémisme et même le négationnisme. Et pour servir le propos, il a fait appel à des acteurs épatants : Jérémie Renier alias le propriétaire, sa femme (hystérique) Bérénice Bejo et François Cluzet en locataire, professeur d’histoire rayé de l’Education nationale dans le rôle de la victime ou du prédateur ? Décidément, quand on voit le nom de François Cluzet à l’affiche, on est presque assuré que le film sera intéressant. Et c’est le cas. https://www.youtube.com/embed/uO0F1OkWI3w?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
“Respect” ** de Liesl Tommy avec Jennifer Hudson, Forest Whitaker, Skye Dakota Turner, Audra McDonald, etc. Durée: 2h25’
L’histoire d’Aretha Franklin depuis sa prime jeunesse où elle possède déjà une voix exceptionnelle repérée par ses parents, un père pasteur et une mère chanteuse. La réalisatrice sud-africaine nous livre dans une belle mise en scène tout le parcours de la diva, du gospel à la soul avec ses obstacles familiaux et ses embûches professionnelles dans la recherche du répertoire qui lui siéra le mieux. Remarquable Jennifer Hudson dans le rôle principal validé par la diva avant sa mort, il y a 3 ans. Le film à la fois musical et historique avec son engagement auprès de Martín Luther King aurait gagné une étoile en durant 30’ de moins…
“Bigger Than Us” *** de Flore Vasseur avec Melati Wijsen, Memory Banda, Mohamad Al Jounde, Winnie Tushabe, Xiuhtezcatl Martinez, Mary Finn, René Silva. Durée : 1h35’
Un documentaire tourné aux 4 coins du monde pour nous montrer les initiatives d’une série de jeunes incroyables qui se sont engagés dès leur plus jeune âge (10-11 ans) en faveur de domaines comme la justice environnementale, la jeunesse, l’éducation, les droits des femmes, l’accueil des réfugiés, la sécurité alimentaire et encore, la liberté d’expression. De l’Indonésie à la Grèce en passant par le Liban, l’Ouganda et les États-Unis, on les rencontre sur le terrain où ils se donnent corps et âmes. Document exceptionnel et émouvant qui fait chaud au cœur. J’ai eu souvent les larmes aux yeux… A voir et à faire savoir autour de soi sans modération.
“ Cigare au miel” *** de Kamir Aïnouz avec Zoé Adjani, Amira Casar, Lyès Salem, etc. Durée : 1h40’
Être la nièce d’Isabelle Adjani aide heureusement en termes de battage publicitaire. Et c’est une bonne chose car l’actrice qui, à 19 ans n’en est pas à son premier grand rôle à l’écran, endosse celui-ci avec beaucoup de délicatesse, de naturel et un réel talent. Habituée à voir des films sur la culture maghrébine dont les problèmes sonnent souvent un peu faux sur la toile (les acteurs sur-jouent dans des situations un peu trop clichés), je suis ressortie séduite par le film de Aïnouz, qui est en partie autobiographique. Ce portrait de la vie de Selma, fille unique d’une famille d’immigrés algériens vivant à Neuilly-sur-Seine (le père est avocat, la mère gynécologue) est très intéressant à suivre à plusieurs niveaux tant personnel que familial, social et même politique. Récit délicat peint par une caméra aussi sensible que sensuelle, à l’image de la jeune héroïne qui parvient à se libérer intelligemment et en douceur de son carcan culturel. Relevons que la réalisatrice aborde le thème intime de la sexualité en ne faisant que suggérer, sans montrer un seul corps nu. Subtil.
« La Nuit des Rois »*** de Philippe Lacôte avec Koné Bakari, Steve Tientcheu, Issaka Sawadogo, Denis Lavant. Durée : 1h33’
L’action se passe en Côte d’Ivoire à La Maca, l’une des prisons les plus surpeuplées de l’Afrique de l’Ouest. Un univers clos qui a ses lois et ses codes. Mais à La Maca, la particularité est la suivante : c’est un prisonnier qui tient le rôle de chef suprême, en ayant droit de vie et de mort sur les autres. S’il tombe malade, il doit abdiquer en se donnant la mort. La nuit de la lune rouge, synonyme de tous les dangers, un nouveau détenu est désigné par le chef comme conteur, le temps d’une nuit au terme de laquelle il est averti par un tierce qu’il mourra. Avec des références au griot – celui qui reçoit et transmet, personnage central de la culture africaine – mais aussi à Shéhérazade ou encore dans la culture occidentale, à la tragédie shakespearienne, le réalisateur ivoirien livre ici un film théâtral impressionnant (lumières, chorégraphies, etc.) où les mots ont encore pouvoir de vie et de mort. Saisissante peinture de l’imaginaire africain. Décidément, les films carcéraux sont à l’honneur aujourd’hui (cfr « La Loi du Triomphe » toujours à l’affiche dont vous avez lu récemment la critique dans cette rubrique.)
« Le Genou d’Ahed »*** de Nadav Lapid avec Avshalom Pollak, Nur Fibak, etc. Durée : 1h49’
Un film percutant comme un long et profond cri de colère d’un réalisateur qui se met dans la peau de son acteur principal. Un sujet aussi complexe qu’intéressant, abordé dans un cadre désertique minimaliste, interprété par d’excellents acteurs qui gèrent toute la tension qui sous-tend le film du début à la fin. Personnellement, cela m’a fait du bien de voir des gens qui osent parler, dirent ce qui les révolte au fond de leurs entrailles, des natifs qui crient leurs frustrations, leurs revendications, leur honte des politiciens qui les gouvernent, leur crainte de constater la démocratie bafouée au profit d’un contrôle absolu de tout.
La jolie employée elle-même est perdue quand on la met au pied du mur, qu’on la force à enlever son masque et à constater que son pays est malade.
Réalisé en partie avec un iPhone, Lapid nous propose un film dont la trame violente est rythmée par des cris, de pleurs, des gestes pleins de sens. A mes yeux, un film exceptionnel et unique. Il a d’ailleurs reçu le prix du jury ex-aequo au dernier Festival de Cannes et sa couverture médiatique est à la hauteur. Ne voulant pas parler de politique et toucher un sujet extrêmement sensible, j’attends la dernière ligne pour vous dire qu’il s’agit d’un film israélien tourné par un réalisateur israélien en Israël, au sud dans le désert d’Arabah. La géopolitique est l’une de mes passions et enfin, après avoir lu e.a. « Ô Jérusalem délivrée » de Lapierre & Collins, je ne suis ni pro palestinienne, ni pro israélienne. Il est important de le souligner. https://www.youtube.com/embed/LvtlNaMuUXI?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Les amours d’Anaïs »*** de Charline Bourgeois-Tacquet avec Anaïs Demoustier, Valeria Bruni-Tedeschi, Denis Podalydès, Bruno Todeschini, etc. Durée : 1h38’
Accrochez-vous dès le départ car le film démarre sur les chapeaux de roues et la danse durera une grande partie de la projection. Anaïs est craquante d’un bout à l’autre mais en écoutant que les pulsations de son cœur, un peu folle et (fort) égoïste aussi. Mais c’est une journaliste mature qui vous dit cela alors que le but du film est de montrer et essayer de comprendre ce que les jeunes trentenaires ont dans la tête aujourd’hui… Je ne vais pas vous raconter l’histoire sauf qu’il y a un rapport entre ce qu’Alice est censée faire ‘professionnellement’, à savoir finir sa thèse de doctorat sur la passion en littérature au XVIIIe s. et sa vie personnelle où inconsciemment elle cherche à revivre cela. Entre le mari, l’amant, la femme magistralement interprétée par une Valeria Bruni-Tedeschi au meilleur de sa forme, on s’amuse et on rit aussi beaucoup.
Premier long métrage de Charline Bourgeois-Tacquet qui avait tout simplement envie de tourner à nouveau avec Anaïs Demoustier, protagoniste de l’un de ses courts métrages. Elles sont de la même génération et comme dans ma critique précédente, la réalisatrice a mis beaucoup d’elle dans son actrice. Ses études de lettres donnent un scénario finement écrit à tous les niveaux. Les critiques évoquent l’influence de Rohmer… Sûrement mais à un rythme autrement plus enlevé et divertissant (Pardon Eric…) J’ai trouvé ce film irrésistible, à la fois profond et léger, plein de joie de vivre et de quelques vrais grincements de dents (les scènes de l’hôpital et du coup de téléphone dans la voiture à son directeur de thèse.) Une comédie française comme on les aime. https://www.youtube.com/embed/x-D-OngAnG8?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Le sorelle Macaluso » *** de Emma Dante avec Alissa Maria Orlando, Donatella Finocchiaro, Susanna Piraino, etc. Durée : 1h34’
Adaptation d’un spectacle qu’elle avait créé et présenté à Avignon il y a 7 ans, ce drame familial réalisé par Emma Dante, l’une des personnalités les plus connues du théâtre italien contemporain, née à Palerme en 1967 est magnifique. Si dans la pièce, c’étaient toujours les mêmes actrices qui se remémoraient le passé, dans le film découpé en 3 phases, c’est une quinzaine d’actrices différentes qui jouent les rôles des 4 sœurs aux différents âges de leur vie, mise à part la dernière petite sœur disparue… Il s’agit de l’histoire de cinq sœurs, qui habitent seules et gagnent leur vie en élevant des colombes. Un dimanche ensoleillé, elles partent toutes les 5 la plage sous le soleil implacable de l’été sicilien mais reviennent à 4…
On les retrouve adultes, 30 ans plus tard pour un dîner dans le même appartement où deux d’entre elles vivent toujours. La tragédie est encore dans tous les cœurs et sur toutes les lèvres et le sentiment de culpabilité omniprésent.
Une comédie familiale, touchante extrêmement bien filmée où les sentiments palpent avec génie la réalité de la vie passée, présente et future. https://www.youtube.com/embed/hoHQ7goP3Gk?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« La Loi de Téhéran » *** de Saeed Roustai avec Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh, etc. Durée : 2h14’
Le film commence par une course poursuite haletante. Le ton est donné dès les premières minutes. On est à l’évidence dans un triller se déroulant dans un pays compliqué au centre d’un trafic de drogue très lucratif où elle est facilement accessible, causant évidemment des ravages. On suit la police dans ses méandres pour arriver par des méthodes corsées à mettre la main sur les intouchables. Le réalisateur nous montre les conséquences de la libéralisation du marché de la drogue en Iran où les gens peinent à assumer leur quotidien. Et la drogue évidemment ne résout rien à la misère, bien au contraire. Saeed Roustai dépeint une situation sociale complexe, terrifiante et fort méconnue en-dehors des frontières.
Le film tourné en partie avec de vrais toxicomanes fait froid dans le dos. Un tel pays avec des gens tellement adorables, hospitaliers et intéressants. Quel gâchis. Des dizaines de prix dans des festivals internationaux ont couronné « La Loi de Téhéran », remarquablement interprété entre autres par Payman Maadi, que l’on avait déjà remarqué il y a 10 ans dans « Une séparation » de Asghar Farhadi. https://www.youtube.com/embed/bYzBf7zo6RI?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Un Triomphe » **** de Emmanuel Courcol avec Kad Merad, Marina Hands, Laurent Stoker, Pierre Lottin, Sofian Khammes, David Ayala, Lamine Cissoko, etc. Durée : 1h46’
Un acteur à la traine accepte tous les boulots qu’on lui propose dont celui d’animateur d’ateliers de théâtre dans une prison. Le boulot est difficile mais à défaut d’être sans doute un bon acteur, il est un bon prof et arrive, avec toute l’énergie et la motivation nécessaires à intéresser peu à peu ses ‘élèves’. Et soudain, quand les détenus lui disent que leur vie se passe à attendre, attendre, toujours attendre, une idée lui saute à l’esprit : la pièce qu’ils doivent jouer après avoir appris « Les Fables de La Fontaine » est Godot ! « En attendant Godot » de Samuel Beckett où l’on ne fait rien d’autre qu’attendre, attendre quelqu’un qui n’arrive jamais. Un univers absurde comme celui de l’univers carcéral. Et le voilà parti dans cette aventure, en ayant dû convaincre tout le monde de la directrice de la prison jusqu’au directeur du théâtre où jouer la pièce en passant par la juge pour les permissions de sortie en vue des répétitions, etc. Je ne vous en dis pas plus sauf qu’il s’agit d’une histoire vraie qui s’est passée en Suède à la fin des années 80. Le film porté à bout de bras par Kad Merad est incroyable, la prestation des acteurs remarquable et le sujet sans vous dévoiler la fin, à la hauteur de ce qu’en a dit Samuel Beckett à l’époque : « C’est la plus belle chose qui pouvait arriver à ma pièce ! »
En plus d’être un hommage à tous les gens méritants qui travaillent dans les prisons, « Un Triomphe » est un hommage au théâtre, à l’homme. A ne pas rater.
« The Assistant » de Kitty Green avec Julia Garner, Matthew Macfadyen, Kristine Froseth, Alexander Chaplin, etc. Durée : 1h27’
Avec ce dernier, je vais être nettement plus brève… S’il a le mérite de parler de la pression que subissent parfois (souvent ?) les jeunes assistantes au début de leur carrière qui pensent décrocher le poste de leur rêve comme c’est le cas ici de Jane, engagée dans une grosse boite de production à cheval sur NY et LA, le film aborde en filigranes l’affaire Weinstein.
On baigne de la première à la dernière minute dans une ambiance glauque avec la menace sourde de la présence du grand patron qu’on ne verra jamais, et même si la peinture de ce monde et le propos sont certainement bien rendus, on s’ennuie fermement durant toute la projection. Je pars rarement mais là, j’aurais vraiment dû le faire car dieu que ce film est ennuyeux en accord avec l’éclairage des différents plans…
Voilà un bel exemple de cinéma barbant à l’image de ce que pensent beaucoup de gens du cinéma d’auteur. A éviter.
« Gagarine »**** de Fanny Liatard & Jérémy Trouilh avec Alseni Batheli, Lyna Khoudri, Finnegan Oldfield, Jamil Mc Craven, Denis Lavant, etc. Durée : 1h35’
Un premier film réalisé par un duo de réalisateurs qui se sont rencontrés tout jeunes sur les bancs de la Fac (Sciences Po à Paris). Après avoir chacun découvert l’Amérique latine pendant leurs années d’études – le Pérou pour elle et a Colombie pour lui – une expérience qui les marquera du sceau du réalisme magique à la Garcia Marquez, ils se tournent vers une voie qui n’est pas vraiment celle tracée par leurs diplômes, à savoir le cinéma : des cours de scénario pour elle et une formation en cinéma documentaire pour lui. Et de se retrouver rapidement derrière une caméra pour réaliser 3 courts-métrages dont le 1erjet de « Gagarine », l’histoire d’une cité construite pour les ouvriers d’Yvry-sur-Seine en 1961 par les architectes Henri et Robert Chevallier, qui accueille ensuite les immigrés d’Espagne, d’Italie, du Portugal jusqu’au Maghreb et devient le centre d’un trafic de drogue. Rénovée en 1995, elle sera démolie en 2019 entre autres à cause de son délabrement et de l’amiante dont elle est truffée. C’est son histoire qu’ils filment à travers ses habitants, plus précisément Youri, 16 ans qui y vit seul et tente de la rafistoler avec les moyens du bord, tout en rêvant de devenir cosmonaute. Une histoire aussi réaliste que poétique que je ne vais sûrement pas vous raconter mais que je vous conseille vivement d’aller voir. Un film unique, plein de fantaisie raconté sous la forme d’une fable. Et surtout, un autre regard sur la banlieue et les cités, des lieux souvent réduits à la violence. A savourer seul, en famille, avec des amis. Aussi inattendu que magistral. Un régal.https://www.youtube.com/embed/vZSx8bpiVe4?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Opération Panda » de Natalia Nilova et Vassily Rovensky. Durée : 1h15’ ***
Une fois n’est pas coutume mais je me devais de vous parler, alors que commencent les vacances d’été, de cet excellent film pour enfants qui m’a réellement surprise et charmée. Il s’agit d’un dessin animé russo-américain en 3D réalisé par ordinateur. L’histoire est celle d’un ours et d’un lièvre chez qui une cigogne a déposé par erreur un bébé panda (à croquer). Lorsqu’ils décident d’essayer de retrouver ses parents légitimes, l’aventure commence. Elle est franchement intéressante tant du point de vue des paysages que des dialogues de haut niveau, avec un vocabulaire élaboré, de bons jeux de mots et pour couronner le tout, un message séduisant de solidarité et d’entraide. Je ne me suis pas ennuyée une seule minute et suis restée jusqu’à la fin du générique pour voir qui doublait si bien le texte en français, malheureusement en vain. Aucun nom autre que russe n’est apparu à l’écran de ce film dont le titre original est « The Big Trip. » Ne ratez pas l’occasion d’y emmener l’un ou l’autre de vos petits-enfants à qui vous serez fiers de montrer un film de telle qualité. C’est suffisamment rare pour le souligner.https://www.youtube.com/embed/7xhfv2I8Z2M?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Nomadland »*** de Chloé Zhao avec Frances McDormand, David Strathairn, Charlène Swankie, etc. Durée : 1h47’
Récompensé par le Lion d’or à Venise, l’Oscar du meilleur film, les Golden Globes, etc. sans parler du grand battage publicitaire depuis des mois autour ont fait que, dès la réouverture des salles, je ne pouvais m’y soustraire. Et j’ai évidemment été un peu déçue… Certes, c’est un film intéressant sur l’Amérique d’aujourd’hui, un regard différent porté sur son pays d’adoption par une cinéaste américaine d’origine chinoise, un road-movie à travers les grands espaces de l’Ouest américain qui caractérisent cette terre, cette terre de contradictions où la liberté érigée en fer de lance est difficile à vivre pour ceux qui ont fait ce choix. L’actrice principale est plus crédible que nature, ceux qui l’entourent à sa hauteur, les paysages grandioses mais tellement tristes.
Ce film est, en fait, non seulement triste mais long, trop long et même s’il touche à des thèmes essentiels et nous montre des gens dignes et extrêmement sympathiques, l’impression générale est dénuée d’enthousiasme. Mais tout cela n’est que mon point de vue personnel et subjectif…https://www.youtube.com/embed/6sxCFZ8_d84?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« ADN » **** de Maïwenn avec Maïwenn, Fanny Ardant, Louis Garrel, Marina Vatch, Alain Françon, Omar Marwan, etc. Durée : 1h30’
Un film centré sur la réalisatrice – actrice que l’on connaît bien et dont on apprécie beaucoup la filmographie. D’origine algérienne, Maïwenn part de la mort de son grand-père algérien, pilier de la famille, une famille désunie et tendue, pour nous raconter son histoire familiale. Dans le genre autofiction, où elle n’hésite pas à se mettre à nu, on suit avec intérêt et affection les névroses de chacun, les conflits latents, les sensibilités exacerbées qui s’expriment plus que jamais au moment de la disparition de ce père et grand-père adoré.
Un film passionnant en forme de thérapie familiale où les traits d’humour de Louis Garrel instillent des notes de bonne humeur et de légèreté, bienvenues.
Avec en toile de fond l’histoire de l’Algérie, « ADN » est un grand film attachant d’un bout à l’autre. J’ai toujours beaucoup d’admiration pour les réalisateurs.rices qui jouent dans leur film, et le rôle principal en plus ! Au générique, j’ai vu que le scénario qui est vraiment très bien fait a été coécrit avec Mathieu Demy, le fils de Jacques Demy et Agnès Varda. Comme quoi, les poiriers ne font pas des pommes…
« Rocks »*** de Sarah Gavron avec Bukky Bakray, Kosar Ali, D’Angelou Osei Kissiedu, Shaneigha-Monik Greyson, Ruby Stokes, Anastasia Dymitrow, Sarah Niles, etc. Durée : 1h33’
Rocks n’a que 15 ans quand sa maman disparaît d’un jour à l’autre, la laissant seule avec Emmanuel, son petit frère dans leur appartement de l’East London. Et l’on apprend que ce n’est pas la première fois que cela arrive… Le film est l’histoire de cette adolescente et de sa bande de copines qui heureusement sont là pour la soutenir, alors qu’elle a honte de dévoiler ce qui lui arrive et fait tout pour assumer la charge familiale et échapper aux services sociaux.
Si le thème a déjà été traité brillamment au cinéma, entre autres avec « Nobody Knows » (2004) du Japonais Hirokazu Kore-eda, la réalisatrice qui a co-écrit le scénario avec les jeunes actrices adopte un ton juste sans pathos. Elle dépeint ces adolescentes avec émotion et sensibilité laissant une place essentielle à la spontanéité et au naturel. Et nous voilà plongés, pendant une heure et demie, dans ce monde bigarré de l’adolescence où ces filles, (presque) toutes plus sympathiques et censées les unes que les autres mènent leur vie, tout en pensant déjà à leur avenir.
Moins radical que Ken Loach mais aussi moins rythmé que Mike Leigh, le cinéma de Sarah Gavron (à qui l’on doit « Les Suffragettes » en 2015) se forge avec ce 5e long-métrage une place tout en nuance et finesse dans le cinéma social britannique. Avec un final aussi lumineux et touchant que le sujet est grave et profond, la réalisatrice nous livre ici un remarquable teenmovie.
« Marianne & Léonard : Words of Love » *** un documentaire de Nick Broomfeld avec Marianne Thien, Léonard Cohen, Axel, etc. Durée : 1h59’
L’histoire des amours difficiles et tumultueuses entre le poète-auteur-chanteur-compositeur canadien Léonard Cohen et son adorable muse norvégienne, Marianne Thien qui s’est déroulée en grande partie sur l’île paradisiaque d’Hydra, non loin d’Athènes dans le golfe Saronique. Le seul endroit de Grèce avec le Mont Athos où il n’y a pas de voiture (ni même d’électricité dans les années 60), chantre d’une communauté d’artistes bohèmes dont la réputation a traversé les années, même si aujourd’hui elle a changé bien sûr… J’y ai passé mes étés des années 80 aux années 2000 et y ai encore vu Léonard Cohen, attablé seul à une petite table du bar des artistes sur le port. Le célèbre artiste peintre et graveur américain Brice Marden, l’architecte Santiago Calatrava au moment des jeux Olympiques en 2004 et bien d’autres ont continué à fréquenter l’île plus tard, laissant toujours flotter dans l’air de cet endroit magique, ce parfum artistique unique et enivrant. Le film nous fait vivre de près leur vie sur l’île et les hauts et les bas d’un homme au génie créateur qui n’a jamais caché « son grand appétit pour l’expression sexuelle de l’amitié. » Si la manière de le dire est amusante, le vivre est une autre chose. Marianne a connu une relation aussi dévorante que destructrice dont elle en sortira heureusement grandie et apaisée lorsque sur son lit de mort, à 81 ans, elle recevra une lettre avec ces quelques mots : « Marianne, je voulais seulement te souhaiter un très beau voyage. Au revoir ma vieille amie. Mon amour éternel. »
Il la suivra de quelques mois dans ce dernier voyage.
La fin du film nous la montre fredonnant les paroles de « So Long Marianne » au premier rang de la dernière tournée mondiale du poète, lors de son passage à Oslo en 2009. Une émotion présente tout au long de ce documentaire à la hauteur de leur terrible histoire d’amour.https://www.youtube.com/embed/LB6nIzPf9r8?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« A Hidden Life »**** (Une vie cachée) de Terrence Malick avec August Diehl, Valérie Pachner, Matthias Schoenaerts, Bruno Ganz, Michael Nyqvist, Maria Simon, Ulrich Matthes, etc. Durée : 3h.
Un réalisateur mais encore scénariste et producteur américain, né en 1943 dans l’Illinois (USA) qui enseigne à l’American Film Institute et à Harvard. Et pour cause, en 45 ans de carrière, on compte sur les doigts d’une main les films qu’il a réalisés et qui, couronnés de prix prestigieux comme la Palme d’or pour «The Tree of Life » en 2011, l’Ours d’or pour « La Ligne rouge » en 1999, le prix de la mise en scène à Cannes pour « Les Moissons du ciel » en 1979, tous exceptionnels. Et ce dernier qui peint la vie de l’un de ces héros méconnus qui a été condamné à mort pour avoir refusé de se battre sous le régime hitlérien est de la même veine. Un drame historique où l’on reconnait dès les premières minutes la patte de ce réalisateur de génie. Une façon de filmer et de cadrer tant les personnages que les paysages, unique ; de faire tourner la caméra à la cime des arbres, de saisir le mouvement, la beauté magique de la nature, de créer une ambiance particulière, bref un style magistral que je n’ai encore trouvé chez personne d’autre que lui.
Un sujet grave qui narre l’histoire d’un homme libre en 3 heures que sincèrement, on ne voit pas passer. Et j’allais oublier de parler de la musique de Bach, Beethoven, Haendel, Arvo Pärt, etc. qui sublime ces images magnifiques. A voir absolument !https://www.youtube.com/embed/qJXmdY4lVR0?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« L’Adieu »*** de Lulu Wang avec Awkwafina, Tzi Ma, Diana Lin, Zhao Shuzhen, etc. Durée : 1h38’
Il y a beaucoup à dire sur ce film alors que le scénario tient sans doute en une ligne. C’est une comédie qui aborde des thématiques différentes et essentielles comme les relations familiales, plus particulièrement filiales, la problématique universelle de l’exil avec toutes ses conséquences dont on ne se rend pas toujours compte, le mensonge parfois nécessaire, les divergences culturelles entre orient et occident, etc.
« L’exil est une arme. Il nous confronte aux autres et nous chasse de nos origines… Je crois que l’on reste une être exilé à jamais » disait ce matin sur France Inter Frère Atiq Rahimi, romancier et cinéaste d’origine afghane dans ‘Boomerang’, l’émission lumineuse de Augustin Trapenard.
Avec beaucoup d’intelligence et de finesse, tout en arrivant à être souvent drôle alors que le sujet ne l’est absolument pas, Lulu Wang dresse le portrait d’une famille contemporaine chinoise ‘mondialisée’. La peinture d’une justesse impressionnante est filmée avec un rythme et un ton annoncé dès la première image où on peut lire : « Cette histoire est tirée d’un vrai mensonge » ! On rigole souvent durant la projection, dans des situations plutôt graves et profondes et l’on arrive à cerner un peu ce monde et ses habitudes auxquelles on ne connait rien, même si l’on a déjà été en Chine. Il faut savoir que la réalisatrice elle-même, issue aussi de deux cultures ne se sent pas complètement chinoise. Comme son héroïne, elle dit : « La Chine dont je me souviens à 6 ans n’existe plus. » Et dans le rôle de la petite fille exilée, la rappeuse Awkwafina qui, pour son premier grand rôle au cinéma a décroché début janvier le Golden Globe bien mérité de la meilleure actrice dans une comédie.
Pour moi, « L’Adieu » est le genre de film dont on sort différent. Un film avec lequel on apprend la vie, tant là-bas qu’ici. Avec une dose d’humour en plus.https://www.youtube.com/embed/0jSvuaJbQ8s?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
La Voie de la justice ( Just Mercy )*** de Destin Daniel Cretton avec Michael B. Jordan, Jamie Foxx, Rob Morgan, Tim Blake Nelson, …
( critique par Pierre Kluyskens) Ce qui m’a le plus étonné dans ce film est le fait que Hollywood à encore ce courage et cette vigueur dans la dénonciation des injustices faites aux noirs. Il s’agit ici du combat historique du jeune avocat Bryan Stevenson, fondateur de l’Equal Justice Initiative. Après ses études à Harvard, il décide de se consacrer à la défense des droits civiques de ceux qui ont été condamnés à tort. Il se rend donc en Alabama et, avec le soutien d’une militante locale, Eva Ansley, il va s’intéresser au cas de Walter McMillian, dans le couloir de la mort pour le meurtre d’une jeune fille…La suite se laisse deviner : absence de preuves, racisme, enquête bâclée et finalement nouveau procès. Le film dure 137 minutes et c’est son principal défaut : trop de mélo non nécessaire ( quatre jeunes filles devant nous n’ont pas cessé de sangloter ), mais malgré des longueurs il reste à voir, ne fut-ce que pour les statistiques hallucinantes d’erreurs judiciaires évoquées en fin de film.https://www.youtube.com/embed/GVQbeG5yW78?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
” La Llorona “ **** est un film réalisé par Jayro Bustamante avec María Mercedes Coroy, Sabrina de La Hoz
( critique par Pierre Kluyskens) Dans les légendes des pays d’Amérique latine, la Llorona est une pleureuse, un fantôme qui cherche ses enfants. Aujourd’hui, elle pleure ceux qui sont morts durant le génocide des indiens mayas pendant les années 80 au Guatemala. Dans ce film de Jayro Bustamante elle vient hanter le général, responsable du massacre mais qui est acquitté.
Le film bascule continuellement entre fantastique et politique, sarcastique et lugubre, froide colère et de lyrisme incandescent. Il rappelle le réalisme magique, qui est très présent dans les pays d’Amérique latine: c’est extraordinairement envoûtant. A voir, surtout si vous connaissez bien les mécanismes du pouvoir dans ce continent…https://www.youtube.com/embed/Qdh9n4RQukM?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« 1917 » ** de Sam Mendes avec Dean-Charles Chapman, George MacKay, Richard Madden, Benedict Cumberbatch, Andrew Scott, Colin Firth, Mark Strong, etc. Durée : 1h59’
Un beau battage publicitaire complété de critiques dithyrambiques font qu’il est difficile d’échapper à cette plongée dans les tranchées des horreurs de la Première Guerre mondiale ! Est-il encore nécessaire d’ajouter encore mon grain de sel à cette grande fresque tournée comme un long-plan séquence ?
Le scénario tient en une ligne : deux jeunes soldats britanniques doivent porter un message d’importance extrême (l’annulation d’une attaque d’un régiment dont fait partie le frère de l’un des deux) derrière les lignes ennemies. Si la première partie est intéressante, la deuxième qui prend des allures hollywoodiennes gâche un peu, à mes yeux, le propos et lui fait perdre de sa crédibilité. Pourquoi en faire un tel show ? A part si Mendes veut en faire un film de divertissement ? Difficile pour un tel sujet. C’est peut-être là que son passé de James Bond maker resurgit (sans parler de « American Beauty ») … On retrouve quelques points communs avec JB, même si l’on joue ici dans un autre registre. Cela m’a fait penser à des scènes de jeux vidéo. J’en ai d’ailleurs profité pour y amener des ‘adulescents’, qui ont adoré évidemment ! Tant mieux s’il arrive ainsi à attirer un autre public. Personnellement, j’ai été touchée à la fin du film où apparaît sur l’écran une ligne évoquant un autre Mendes, probablement un ancêtre du réalisateur à qui il rend hommage en romançant son histoire ?
Moi, j’ai plutôt envie de vous parler de ces deux jeunes acteurs ‘inconnus’ propulsés à l’affiche de ce film qui connaît déjà un succès retentissant. Un taux de fréquentation le dernier « Star Wars » au box-office mondial ! Certains ont reconnu George Mackay dans le rôle de fils ainé de Viggo Mortensen dans le formidable « Captain Fantastic » de Matt Ross, sorti en 2016, Sam Mendes le décrit comme « un peu désuet, avec certaines valeurs, un sens de l’honneur, une dignité, un héroïsme d’une autre époque. Il a un physique intemporel. » Il paraît qu’il s’est tellement investi dans le film qu’il a tenu à réaliser lui-même la plupart des cascades ! Quant à son acolyte, Dean-Charles Chapman, 5 ans plus jeune, il a commencé sa carrière avec le rôle de Billy Elliot dans la comédie musicale, dont on a tiré le film éponyme. Mais c’est Tommen Baratheon dans la série culte de HBO, « Game of Thrones » qui l’a rendu célèbre.
C’est bien leur prestation qui m’a le plus impressionnée. Rappelons que le film vient de rafler aux Golden Globes les deux trophées les plus convoités, à savoir ceux du meilleur film dramatique et du meilleur réalisateur.https://www.youtube.com/embed/gZjQROMAh_s?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Les Siffleurs » ** de Corneliu Porumboiu avec Vlad Ivanov, Catrinel Menghia, Rodica Lazar, etc. Durée : 1h38’
Je peux vous dire beaucoup de choses sur ce film moins élogieuses que toutes les critiques que j’ai lues malgré mon intérêt pour la culture roumaine, les Canaries, plus particulièrement les paysages rocailleux de La Gomera, la musique d’opéra, la langue des siffleurs (une découverte), mais je ne serais pas honnête si je ne parlais pas en premier lieu de Gilda, la femme d’une beauté exceptionnelle qui tient bien, très bien même, le rôle principal. Mannequin vedette roumain de 35 ans à la carrière internationale, elle incarne, parée de tenues d’une élégance rare qui souligne élégamment ses formes parfaites, la femme fatale, petite amie du jeune patron d’une usine de matelas suspecté par la police locale de blanchiment d’argent de la drogue. Censé l’aider, Cristi, un policier soupçonné de corruption qui essaie d’évoluer dans un milieu ambiant truffé de micros et de caméra (quel peinture du pays… affolante).
Le deuxième intérêt du film sont les ‘vacances’ de Cristi sur l’île de la Gomera où il s’est rendu pour apprendre le silbo gomero, une forme particulière (et impressionnante) de communication basée sur des sifflements qui permet de communiquer comme les oiseaux. Le tout dans le seul but de sauver le ‘fiancé’ de Gilda. En faisant quelques recherches sur Google, on apprend que ce langage reproduit par le sifflement, la langue locale, le castillan, transmis de génération en génération, des parents aux enfants pour arriver à se parler par-delà des vallées. Près de 25 000 personnes utilisent encore aujourd’hui cette langue rare, déclarée en 2009 par l’UNESCO, Patrimoine immatériel de l’Humanité.
Un film qui malgré les nombreuses cordes à son arc n’atteint malheureusement pas tout à fait sa cible…https://www.youtube.com/embed/Clp_oWEfhlw?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Le lac des oies sauvages » *** de Diao Yi’nan avec Hu Ge, Kwai Lun-mei, Wan Qian, Liao Fan, etc. Durée : 1h57’
Qu’est-ce qui fait la différence entre un polar et un film noir ? Un film noir est un film d’auteur où l’esthétique formelle joue un rôle important ; un film qui trace en filigranes le portrait d’une société, montre sa face cachée, ses zones d’ombres ; un film qui dépeint un personnage, son parcours, sa culpabilité, ses errances.
Diao Yi’nan qui explique que la censure au cinéma n’est pas qu’une réalité chinoise (qui stimule la créativité) profite du prétexte d’un film de ‘divertissement’ policier pour dévoiler un aspect de la société, celle des criminels se cachant dans les banlieues des villes périphériques à la mesure du pays, fourmilières aussi immenses que glauques… Et c’est en cela que le film est très intéressant. Au-delà du parti pris formel où l’éclairage exceptionnel – saluons la prestation du directeur de la photographie Jingsong Dong avec qui il réalise tous ses films – révèle angles, couleurs, ombres, Diao Yi’nan peint à travers un fait divers tiré tant de son imagination comme de la presse, une réalité que beaucoup de personnes ont à vivre en Chine.
Et puis, n’oublions pas de relever le portrait positif qu’il fait des femmes en qui il met ses espoirs d’un monde meilleur : « Je crois que le monde serait plus agréable s’il était confié à des femmes. Toutes ces guerres à travers la planète sont menées par des hommes (…) qui ont occupé le pouvoir depuis assez longtemps. Ce serait bien de le confier aux femmes pour voir » confiait-il récemment à notre collègue de La Libre Belgique.https://www.youtube.com/embed/09ka46soGRA?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Atlantique »*** de Mati Diop avec Mama Sané, Ibrahima Traore, Abdou Balde, etc. Durée : 1h45’
Grand Prix du Jury du Festival de Cannes qui est, si je ne me trompe, la récompense la plus prestigieuse après la Palme d’Or, Mati Diop nous livre un témoignage personnel sur la migration, sous la forme d’un conte à plusieurs voix. Elle était la première réalisatrice d’origine africaine à présenter un film en compétition sur la croisette. Elle pose sa caméra sur la jeunesse qui, depuis Dakar rêve de l’autre rive des étoiles dans les yeux… D’une manière très sensorielle, elle n’hésite pas à mettre le spectateur dans le contexte et à l’inviter à une expérience émotionnelle, voire physique impressionnante. Le scénario intelligent et pas toujours évident à comprendre (tout s’éclaire dans les dernières minutes) est servi par une manière de filmer et une photographie exceptionnelles : « Je me sens avant tout plasticienne, mon premier langage reste l’image » dit-elle. On le sent du début à la fin du film. Un film en forme d’histoire d’amour tragique qui invite à réfléchir et pose beaucoup de questions… Aussi dramatique que poétique et dur.https://www.youtube.com/embed/7EhpO_C6bS4?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Il Traditore »*** de Marco Bellocchio avec Pierfrancesco Favino, Maria Fernanda Cândido, Luigi Lo Cascio, etc. Durée : 2h31’
C’est l’histoire vraie du mafioso Tommaso Buchetta de Cosa Nostra qui a fui au Brésil et qui, rattrapé par la police et extradé, accepte de parler au juge Falcone. Grâce à lui, 366 mafieux siciliens ont été mis sous les verrous. Alors, traitre ou homme d’honneur, telle est la question… Buchetta ne reconnait plus les valeurs de l’organisation à qui il a fait allégeance dans sa jeunesse. Tous ses proches ont été assassinés dans une lutte fratricide où le clan adverse a profité de son départ à l’étranger pour récupérer le business qui a pris une autre dimension avec le trafic de drogue…
Bellochio traite d’un thème historique – l’incroyable procès de Palerme – qui court sur plusieurs décennies. Un film décliné en deux chapitres – le premier plus spectaculaire et le second plus intimiste – qui se succèdent et se complètent grâce au talent du réalisateur qui réussit une fois de plus à nous captiver.
Du haut de ses 80 ans, Bellochio n’hésite pas à dire qu’en commençant dans le métier, il était persuadé que le cinéma pouvait être une arme et changer les choses, ce qui reconnaît-il « était un peu naïf ».
Il signe ici, une fois de plus, un film majeur passionnant.https://www.youtube.com/embed/QT8Hj3yYFLI?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« J’accuse » **** de Roman Polanski avec Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner, Melvil Poupaud, Mathieu Amalric, Didier Sandre, Vincent Perez, Denis Podalydès, Hervé Pierre, etc. Durée : 2h12’
Que vais-je encore pouvoir dire de ce chef-d’œuvre après toutes les polémiques, émissions, articles de journaux et critiques qu’il a déclenchés à sa sortie ? Couronné à la Mostra de Venise où il a reçu le Grand prix, le film est remarquable quant à l’angle de vue qu’il adopte pour analyser l’Affaire Dreyfus : celui du Colonel Picquart (Jean Dujardin), le héros qui, au péril de sa vie et de sa carrière, n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus (Louis Garrel).
C’était tellement célèbre à l’époque qu’il suffisait de dire ‘L’Affaire’ pour qu’on sache de quoi on parlait !
A 86 ans, le cinéaste qui traîne un lourd passé personnel derrière lui réalise un film historique unique sur un sujet encore difficile à traiter, plus d’un siècle après… J’ai appris durant mes études littéraires à ne jamais mélanger l’homme & l’œuvre et dieu sait si les exemples en littérature et philosophie sont légion pour être tentés de le faire : Louis-Ferdinand Céline, Jean-Jacques Rousseau, Louis Brasillach, pour ne citer que les écrivains les plus célèbres. Mais 30 ans ont passé depuis ma sortie de l’UCL et tout -contexte, société- a changé, sans parler récemment du phénomène #metoo.
Je pense que ce n’est pas à nous de nous mêler de cela et que nous devons laisser la justice faire son travail. Il fait un film remarquable sur un procès. Laissons-lui avoir le sien maintenant !https://www.youtube.com/embed/cZ6q-c4Bues?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« The Two Popes » **** de Fernando Mereilles avec Anthony Hopkins, Jonathan Pryce, etc. Durée : 2h06’
Mise en scène, interprétation des acteurs, qualité du scénario, un film sur un sujet qui pourrait, à première vue, paraître ardu et ennuyeux et qui ne l’est pas une minute ! Au contraire ! C’est réellement passionnant d’un bout à l’autre. Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre qui met en scène le Pape Benoît XVI et l’Archevêque argentin Bergoglio, futur Pape François venant présenter au premier sa démission que celui-ci lui refuse. Les échanges entre les deux hommes que tout oppose dans la résidence d’été du pape à Castel Gandolfo sont un pur moment de bonheur, d’intelligence, de compassion. On aimait déjà le réalisateur brésilien Fernando Mereilles (Sao Paulo, 1955) réalisateur entre autres de la « Cidade de Deus » (2002) qui lui valut une reconnaissance internationale. Il réalise ici un film exceptionnel, peut-être son chef-d’oeuvre.
A ne rater sous aucun prétexte, même si la religion ne fait pas partie de vos dadas…https://www.youtube.com/embed/T5OhkFY1PQE?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« La fameuse invention des ours en Sicile » ** de Lorenzo Mattotti avec les voix de Jean-Claude Carrière, Leila Behkti, Thomas Bideguin, Thierry Hancisse, etc. Durée : 1h25’
Un conte – le seul conte pour enfants écrit par Dino Buzatti – adapté au cinéma par l’illustrateur italien Lorenzo Mattotti, en forme de poème visuel coloré. Un très joli résultat qui ne sacrifie rien à la complexité de l’œuvre de son compatriote qui aborde des sujets intéressants comme le pouvoir et ses revers, les relations entre humains et animaux, etc. Aussi instructif et intelligent que divertissant. Sortie idéale pour les fêtes entre enfants (à partir de 5 ans), parents & grands-parents.https://www.youtube.com/embed/OpmN259OpL0?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Marriage Story »**** de Noah Baumbach avec Scarlett Johansson, Adam Driver, Laura Dern, Ray Liotta, etc. Durée: 2h16’
Le début qui vante les qualités de l’un et puis de l’autre, sous forme de deux lettres lues à voix haute sur lesquelles des images défilent ne laisse pas présager le sujet du film : un divorce. Celui après 10 ans de mariage d’une actrice de Los Angeles qui a suivi par amour à New York un talentueux jeune metteur en scène de théâtre. En filigrane de l’analyse de leur séparation, tout en finesse et délicatesse pointe le contraste entre New York, la Côte Est intello et Los Angeles, la Côte Ouest aussi ensoleillée que superficielle et… spacieuse ! Le réalisateur nous montre un couple attachant, Nicole & Charlie, interprété magistralement par deux grandes pointures du cinéma américain à savoir Scarlett Johansson et Adam Driver, tellement crédibles. Un film dense et rapide, oscillant entre les points de vue de la mère et du père, à la mesure de ce que représente un divorce, une tragédie… Profond, juste et émouvant.https://www.youtube.com/embed/-y1HhAlAOTs?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
“It Must Be Heaven”*** de Elia Suleiman avec Elia Suleiman, Grégoire Colin, Vincent Maraval, Gael Garcia Bernal, etc. Durée: 1h42’
Aussi peu bavard et reposant que le précédent (dont je viens de vous parler ci-dessus) était volubile et fatigant, le dernier film du réalisateur palestinien est une comédie burlesque qui se résume elle-même en quelques lignes. Elia Suleiman (qui tient le rôle principal) rencontre un producteur parisien qui lui dit : « On aurait adoré faire ce film sur le conflit israélo-palestinien avec vous car on a une vraie sympathie pour la cause palestinienne, mais je crois qu’on va en rester là. En fait, c’est presque pas assez palestinien. Le film pourrait se passer presque n’importe où. » Situation vraie ou fausse, peu importe, c’est en effet un excellent résumé du film ! Une deuxième citation achèvera ou non de vous convaincre d’aller voir cet x ème ovni de ce réalisateur que personnellement j’aime beaucoup, justement pour son côté décalé, non violent et poétique. Accoudé avec un ami au bar d’un café, celui-ci lui sort : « Les Palestiniens sont le seul peuple qui boit, non pas pour oublier, mais pour se souvenir. »
Une comédie lente, contemplative et savoureuse qui confirme qu’Elia Suleiman est bien un réalisateur à part.https://www.youtube.com/embed/RYSKzDiUGdk?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
PELICULATINA

8e édition du festival de cinéma ibéro-latino-américain à Bruxelles avec, à son palmarès, 30 films primés et inédits.
Peliculatina est devenu au fil des années le rendez-vous incontournable des cinéphiles intéressés par la diversité du cinéma ibéro-latino-américain. Durant 10 jours, 30 films de fiction, courts-métrages et documentaires sont projetés afin de faire connaître ce cinéma d’outre-Atlantique et de créer un moment d’échange interculturel unique en son genre.
Cette année, 16 pays sont à l’affiche, autour du thème « Pouvoir, c’est l’art d’agir », qui s’inscrit dans la continuité des thèmes précédents à savoir « Frontières », « Mutations » et « Résilience ». Dans un contexte où les pouvoirs politiques, économiques et religieux se raidissent, Peliculatina explore l’importance du pouvoir personnel et collectif pour défendre libertés, droits et acquis sociaux.
Les grands noms du cinéma latino-américain en visite à Bruxelles
A l’occasion des galas d’ouverture et de clôture, seront présents entre autres le réalisateur chilien Patricio Guzmán, présentant son dernier documentaire « La Cordillera de los sueños », le scénariste mexicain Manuel Alcalá, primé à la Berlinale 2018 pour le film « Museo », ou encore les acteurs Gastón Pauls, Alfredo Castro et Juan Carlos Maldonado du film « El Principe », coproduction belge..
Comme chaque année, les films sont partagés en différentes sections. A celles des éditions antérieures, Sociétés en mouvement, Cinéphiles, Divina Comedia et Opéra prima, s’ajouteront les sections Court-métrage et Documentaire, censées apporter un regard à la fois plus authentique et personnel sur le réel et le cinéma, en nous offrant l’opportunité de mieux cerner les enjeux de Péninsule ibérique comme du continent latino-américain.
Du 15 au 24 novembre 2019 aux cinémas Palace, Vendôme, RITCS, ZED, Kinographe et BOZAR.
Calendrier complet + vente des tickets accessibles sur www.peliculatina.be
Prix :
Ouverture & Clôture : 15€ (Palace)
Séances : 9€ (Vendôme), 9€ (RITCS) et séances scolaires : 5€
Abonnement festival (5 films) : 36€
Groupe (+ 10 personnes) : 6€ pp.
Texte Virginie de Borchgrave
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« Sorry We Missed You »**** de Ken Loach avec Kris Hitchen, Debbie Honeywood, Rhys Stone, etc. Durée: 1h41’
A 83 ans, le réalisateur britannique engagé n’a rien perdu de sa verve, ni de son dynamisme, ni de son talent pour dénoncer les dérives du monde capitaliste. Trois ans déjà après « I, Daniel Blake » qui, sur un sujet aussi difficile que les dérives numériques de la société dans le monde du chômage avait obtenu la Palme d’Or à Cannes, le voilà de retour avec un film dur et réaliste sur l’ubérisation du travail. Un excellent scénario écrit par le fidèle Paul Laverty met en scène une famille endettée de Newcastle, des personnages courageux joués par des acteurs exceptionnels qui nous rendent le sujet familier et surtout d’une humanité bouleversante. J’y ai emmené des jeunes habitués à un cinéma disons, plus commercial qui m’ont fait une réflexion en sortant qui m’a évidemment beaucoup plu – « Ce film fait plus peur que les films d’horreur » – et m’ont redemandé le lendemain matin le nom du film et du réalisateur. Merci Ken Loach pour cette pierre de plus à une œuvre cinématographique aussi intéressante qu’indispensable. Accablant.https://www.youtube.com/embed/ysjwg-MnZao?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
“Pavarotti” **** un documentaire de Ron Howard avec Luciano Pavarotti, Spike Lee, Princess. Durée : 1h55’
Un film passionnant qui relate la vie de l’un des plus grands chanteurs lyriques de tous les temps : Luciano Pavarotti né à Modena en 1935 dans un milieu simple -son père était boulanger et chanteur- était doué d’un talent inouï dès son plus jeune âge. D’excellents professeurs et une dose de travail acharnée durant toute sa jeunesse ont fait du chanteur aussi sympathique que généreux une star mondiale au même titre qu’une rock star. Il a joué sur toutes les plus prestigieuses scènes d’opéra du monde et était capable de remplir à lui seul un stade gigantesque ! En plongeant dans les archives familiales, recherchant des interviews et nombre d’émissions télévisées, le réalisateur britannique livre un portrait magnifique de cet homme charismatique foudroyé en 2007 par un cancer du pancréas. L’enterrement national auquel il eut droit dans sa ville natale fut suivi et pleuré par des milliers de gens. Quel bel hommage à plusieurs voix pour ce chanteur au timbre reconnaissable entre tous. Émouvant.https://www.youtube.com/embed/CnPPrjwyLW8?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
“Mon chien stupide” * de Yvan Attal avec Yvan Attal, Charlotte Gainsbourg, Pascale Arbillot, Ben Attal, etc. Durée : 1h45’.
J’attendais ce film avec impatience après les avoir entendus en parler sur France Inter. Adaptation d’un roman de John Fante qui traite du manque d’inspiration d’un écrivain (qu’il met sur le dos de sa famille), Yvan Attal n’hésite pas à s’identifier à l’écrivain américain et prend sa propre femme pour jouer son épouse ainsi que l’un de ses fils ! On rit de temps en temps tant les situations sont cocasses mais heureusement qu’il y a le chien, personnage central du film qui le sauve. Une comédie plutôt glauque qui ne dépasse malheureusement pas l’humour 1er degré. Quelle triste famille.
Pour les fans de Charlotte Gainsbourg…https://www.youtube.com/embed/JLSNyvU2CN4?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Alice et le Maire »**** de Nicolas Pariser avec Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier, Nora Hamzawi, Léonie Simaga, Antoine Reinartz, Maud Wyler, Thomas Chabrol, etc. Durée: 1h43’.
Fabrice Luchini au meilleur de sa forme dans un rôle taillé sur mesure très convaincant face à la jeune talentueuse Anais Demoustier (que j’avais découverte dans « Au Poste ! » de Quentin Dupieux en 2018) nous raconte l’histoire d’un maire en manque d’inspiration que son équipe décide de ‘ranimer’ en recrutant une jeune philosophe pour lui remettre le pied à l’étrier. Le scénario est bon, les dialogues affûtés, les acteurs brillants. On savoure ce film qui en se servant de la politique comme prétexte nous livre non seulement une analyse pointue du domaine mais encore un véritable bijou de la culture cinématographique française… intraduisible ! Aussi brillant que divertissant. À voir.https://www.youtube.com/embed/SO3qCKFupFE?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
“A Rainy Day in New York”**** de Woody Allen avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez, Jude Law, etc. Durée: 1h32’
Il y a les bons , les moins bons et les excellents Woody Allen. A mes yeux, la dernière cuvée rentre dans la 3e et dernière catégorie. Une comédie newyorkaise aussi brillante que pleine de charme, au rythme endiablé avec même du suspense à la clef. Un scénario plein de rebondissements qui nous procure du pur plaisir pendant 1h1/2 ! Je ne vous raconte pas l’histoire dont, tant les protagonistes que la ville de New York et la musique, indissociable des films de Woody sont les héros. Il faut reconnaître que le cinéaste américain excelle dans la direction d’acteurs car nous voilà de nouveau face à de jeunes talents qui crèvent littéralement l’écran.
Comment peut-on jouer aussi bien et avec autant de naturel la provinciale naïve qu’Elle Fanning, le romantique perdu que Timothée Chalamet (derrière lequel on reconnait le réalisateur), la déterminée et effrontée étudiante latino que Selena Gomez ? Je ne me lasse pas… Au contraire !https://www.youtube.com/embed/7Fmgk18XOa0?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
“Le Dindon”* de Jalil Lespert avec Guillaume Gallienne, Alice Pol, Dany Boon, Ahmed Sylla, etc. Durée : 1h25’
Adaptation de la pièce de Feydeau au cinéma dans les années 60 avec une pléiade de bons acteurs comme Guillaume Gallienne, qui en plus d’avoir participé au scénario, prouve une fois de plus qu’il est capable de jouer tous les rôles possibles, du plus comique au plus sérieux, du plus léger au plus grave, Comédie française oblige !
Rien de transcendant, ni de nouveau sous le soleil sinon la reconstitution impressionnante des années 60, depuis les ruelles parisiennes jusqu’aux décors des lieux en passant par l’habillement des acteurs. L’appartement du protégé du mari notaire alias Danny Boon, prétendant amant de son épouse Victoire, joué admirablement par Alice Pol est magnifique. Sans parler du générique de fin, d’un graphisme et d’une créativité aussi remarquables que colorés, ludiques et amusants. Du pur divertissement dans l’esprit français le plus basique. Je n’ai pas boudé mon plaisir !https://www.youtube.com/embed/ya0ouzIENLU?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Parasite »*** de Bong Joon-ho avec Song Kang-ho, Lee Sun-kyun, etc. Durée : 2h12’
Il y a plusieurs films dans ce 7e long-métrage du grand réalisateur coréen, Palme d’or à Cannes cette année. L’idée est excellente et on ne pouvait pas trouver de meilleur titre en français pour illustrer le propos. Immersion dans le quotidien d’une famille pauvre de Séoul rapidement mis en parallèle avec celui d’une famille très riche. Le scénario est divertissant jusqu’au moment (2/3 du film) où cela tourne au film d’action sauvage à la sauce Tarantino. Mais ça, c’est le cinéma coréen et ses ‘surprises’… Quand je vois un film coréen, je ne me fie à rien et ne sais jamais à quoi m’attendre… Signant un film à cheval entre comédie noire et triller haletant, Bong Joon-ho prouve une fois de plus qu’il manie l’humour et le suspense avec talent, tout en peignant avec subtilité les problèmes inhérents à une cohabitation où la mise en scène joue un rôle essentiel. On n’est pas du tout dans du pur divertissement comme on aurait tendance à le croire à première vue mais bien dans une analyse plus profonde, tant sociale que politique de la société coréenne, servie avec brio par des acteurs époustouflants quand je pense au père de la famille pauvre, Song Kang-ho acteur fétiche du réalisateur et à la mère de la famille riche Chang Hyae-jin d’une finesse naturelle remarquable, pour ne citer qu’eux. J’ai bien aimé aussi l’ accent mis sur la lumière et les odeurs… Une vraie Palme d’or.https://www.youtube.com/embed/BboKKBYx7-0?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Fête de famille »** de Cédric Khan avec Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot, Cédric Kahn, Vincent Macaigne, etc. Durée : 1h40’
D’emblée, je dois vous dire que je n’ai pas aimé « Festen » auquel on a tendance à comparer ce film et j’ai apprécié « Fête de famille ». Si les sujets sont semblables – une famille réunie à l’occasion d’un anniversaire qui tourne mal – la façon d’aborder le sujet est radicalement différente. On se sent mal à l’aise dans le film de Lars von Trier car il nous met face à l’intime alors qu’ici, on ne se sent jamais impliqué personnellement dans l’histoire. On écoute, on regarde, on observe, on se désole de voir comme c’est compliqué la vie de famille surtout quand réapparaît après des années la fille ‘prodigue’, brillamment interprétée par une Emmanuelle Bercot qui a sans doute joué ici l’un des rôles les plus difficiles de sa carrière. Il faut dire que Vincent Macaigne, en frère paumé version cinéaste/artiste contemporain, après sa récente prestation dans « Blanche-Neige » de Anne Fontaine, n’est pas mal non plus. Sans parler de Cédric Kahn, juste. J’ai beaucoup d’admiration pour les réalisateurs qui endossent aussi la casquette d’acteurs… Après « La Prière » l’année dernière qui était magnifique, il réussit ici dans un tout autre genre à nous émouvoir avec un drame familial aussi imprévisible que la personnalité complexe de la fille maniaco-dépressive. Les réactions des uns et des autres face à cela, le déni de sa mère, le rejet de sa fille ne font que montrer en filigrane les différents chemins que l’amour peut suivre pour s’exprimer.https://www.youtube.com/embed/hxbIhM55Vqo?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
“La Quietud”** de Pablo Trapero avec Martina Guzmán, Bérénice Bejo, Graciela Borges, Edgar Ramirez, etc. Durée : 2h .
Dans un cadre exceptionnel avec d’excellentes actrices (et acteurs), Pablo Trapero, le plus chéri des réalisateurs argentins à Cannes (il présidait il y a quelques années le jury d’Un Certain Regard) nous raconte l’histoire d’une famille de la bonne société argentine réunie à l’occasion de la mort du père. En apparence, tout à l’air de sonner juste jusqu’au moment où les relations affectives entre les sœurs fusionnelles et le mari de l’ainée, amant de la cadette viennent perturber la donne. Le scénario de plus en plus tiré par les cheveux au fur et à mesure du déroulement du film et la musique inadéquate, voire commerciale laissent une impression finale décevante et incomplète, entre autres au niveau des thèmes abordés comme la dictature militaire et la peinture de la corruption du système argentin. Dommage car tous les ingrédients étaient réunis pour en faire un grand film. Pour le réalisateur, « l’amour, c’est respecter l’autre, essayer de lui donner ce dont il a besoin. » On est tous d’accord évidemment mais cela justifie-t-il la scène finale en forme de ‘happy ending’ trop facile ?
Notez que c’est la première fois que Bérénice Bejo (protagoniste de Jean Dujardin dans « The Artist ») joue dans sa langue et son pays natal et cela lui réussit bien.“La Quietud”** de Pablo Trapero avec Martina Guzmán, Bérénice Bejo, Graciela Borges, Edgar Ramirez, etc. Durée : 2h .https://www.youtube.com/embed/ncmiWf3y86U?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
Dans un cadre exceptionnel avec d’excellentes actrices (et acteurs), Pablo Trapero, le plus chéri des réalisateurs argentins à Cannes (il présidait il y a quelques années le jury d’Un Certain Regard) nous raconte l’histoire d’une famille de la bonne société argentine réunie à l’occasion de la mort du père. En apparence, tout à l’air de sonner juste jusqu’au moment où les relations affectives entre les sœurs fusionnelles et le mari de l’ainée, amant de la cadette viennent perturber la donne. Le scénario de plus en plus tiré par les cheveux au fur et à mesure du déroulement du film et la musique inadéquate, voire commerciale laissent une impression finale décevante et incomplète, entre autres au niveau des thèmes abordés comme la dictature militaire et la peinture de la corruption du système argentin. Dommage car tous les ingrédients étaient réunis pour en faire un grand film. Pour le réalisateur, « l’amour, c’est respecter l’autre, essayer de lui donner ce dont il a besoin. » On est tous d’accord évidemment mais cela justifie-t-il la scène finale en forme de ‘happy ending’ trop facile ?
Notez que c’est la première fois que Bérénice Bejo (protagoniste de Jean Dujardin dans « The Artist ») joue dans sa langue et son pays natal et cela lui réussit bien. Les plus belles années d’une vie »* de Claude Lelouch avec Jean-Louis Trintignant, Anouk Aimée, Marianne Denicourt, etc. Durée : 1h30’
Très émouvant dès les premières minutes où l’on assiste aux retrouvailles entre Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée plus de 50 ans après, ce 3e remake de « Un homme et une femme » n’arrive pas vraiment à décoller. Même si les deux acteurs sont d’un naturel impressionnant : lui croupis dans une luxueuse maison de retraite où elle lui rend visite sans lui dévoiler son identité. Elle l’emmènera ensuite dans certains hauts lieux de leur histoire commune passionnée. Des moments touchants entre la malice de l’un et la pudeur de l’autre. Mais à part cela, il y a peu à se mettre sous la dent si ce n’est d’avoir attendu jusqu’à la fin du film pour revoir cette scène magnifique de la traversée de Paris à 100km à l’heure la nuit, avec au compteur 18 feux rouges brûlés ! L’une des grandes fiertés du réalisateur et… plaisirs du cinéphile !
Néanmoins si « Les plus belles années d’une vie » ne marquera pas l’histoire du cinéma, je ne regrette pas de l’avoir vu.https://www.youtube.com/embed/vCRMuZ0mp34?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« M »**** de Yolande Zauberman avec Menahem Lang. Durée : 1h46’
Un documentaire percutant sur la pédophilie dans le milieu ultra-orthodoxe juif. Couronné dans plusieurs festivals dont celui de Locarno où il a remporté le Prix spécial du jury avant le Bayard d’or au Festival du film francophone de Namur, il raconte l’histoire vraie de Menahem Lang, découvert par la réalisatrice dans « Kedma », un film d’Amos Gitaï, réalisé en 2002.
A Bnei Brak, la capitale mondiale de la banlieue juive ultra-orthodoxe de Tel Aviv, Zauberman filme cet univers particulier uniquement masculin des « hommes en noir » où elle a réussi à capter les blessures et les frustrations de ceux qui, comme son acteur principal ont subi ces abus à répétition dans leur enfance. Menahem est tellement sympathique avec un magnifique sourire que l’on suit ces terribles témoignages avec autant d’intérêt que d’émotion et de questionnement… Brouillé avec ses parents depuis de longues années par manque d’écoute, de communication et d’ouverture de leur part, le film arrive à les réunir à nouveau et à s’expliquer sur ce qui s’est passé. Témoignage d’une ampleur qui dépasse l’entendement, « M » est aussi exceptionnel que remarquable quant au sujet abordé. La réalisatrice et son acteur parlant parfaitement le yiddish (langue que les juifs orthodoxes parlent entre eux, réservant l’hébreu à la langue sacrée des textes), ils ont réussi à gagner la confiance de la communauté hassidique et à les filmer. Pour moi, le cinéma est avant tout une fenêtre ouverte sur le monde et les cultures. Ce film en est l’exemple par excellence.https://www.youtube.com/embed/o0P55P0nrdg?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Le Cercle des petits philosophes »*** de Cécile Denjean avec Frédéric Lenoir. Durée : 1h31’
Tous les enfants dès qu’ils commencent à penser à voix haute se posent des questions existentielles comme « Pourquoi on est là, vivant ? », « C’est quoi la mort ? », « Qu’est-ce que l’amour ? », « Faut-il taper ou parler pour se faire comprendre ? », etc. Frédéric Lenoir en introduisant des ateliers de réflexion philosophique et de méditation dans les écoles se propose d’amener les enfants, dès 4 ans, à s’exprimer sur les différents sujets qui les préoccupent, sans les juger mais en les amenant à une réflexion personnelle qu’il espère constructive dans le futur. Pour ce faire, il a créé la Fondation SEVE(Savoir Etre et Vivre Ensemble) qui a pour but d’amener dans les quelques années à venir plus de 5 millions d’enfants à bénéficier de cette démarche positive. Le film nous invite à le suivre dans les différentes écoles qui ont cautionné le projet et à participer, tant aux ateliers qu’aux feed back avec les instituteurs. Passionnante aventure. Résultat ? J’ai rempli mon dossier de candidature pour devenir animateur SEVE 😊https://www.youtube.com/embed/xvAx8QaiePo?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
« Agnès par Varda »****, film autobiographique réalisé par la cinéaste elle-même et Didier Rouget, produit par sa fille Rosalie avec Agnès Varda, Sandrine Bonnaire, Jane Birkin, JR, Hervé Chandès, etc. Durée : 1h55’
Y a-t-il meilleure façon de raconter le cinéma d’Agnès Varda que par elle-même ? Premières images : on la voit dans un beau théâtre à Paris, devant un auditoire jeune, parler simplement de sa vie de photographe cinéaste et d’artiste. Elle est aussi naturelle, authentique, sincère que sans fausse modestie et ce film qui a pris la forme d’un testament cinématographique est en totale harmonie avec sa personnalité. Elle n’hésite pas non plus à entrer dans l’aspect plus technique du travail, en parlant de sa « cinécriture » et en donnant des explications théoriques, accompagnées d’extraits de ses films. Quelques mois seulement après sa mort – le 29 mars de cette année – à 90 ans, elle éclaire toute sa filmographie de ses commentaires enrichissants. Elle se sentait fatiguée depuis quelque temps et a orchestré de main de maître son départ, en se déplaçant pour recevoir des prix honorifiques prestigieux à Berlin et à Marrakech (des mains de Martin Scorsese), récompensant toute sa carrière, en panifiant une rétrospective complète de son œuvre à la Cinémathèque française et des conférences (ce qui est la base du film) à des étudiants en cinéma ou à La Fondation Cartier qui lui avait consacré une très belle exposition intitulée « Agnès Varda, L’Ile et Elle» en 2006.
Quelle leçon de cinéma. Quelle place unique, cette petite française spitante d’origine grecque (née à Ixelles,Avenue de l’Aurore) s’est taillée dans le 7e art. Un film à son image, très émouvant.
« Pachamama »*** dessin animé de Juan Antin. A partir de 6 ans (4 ans pour moi). Durée : 1h12’
Récompensé par le César du meilleur film d’animation, voilà enfin un dessin animé de qualité aussi intéressant que très joliment illustré. Il raconte l’histoire de Tepulpai, un petit garçon des Andes péruviennes que l’on voit échouer au rituel de passage à l’âge adulte instauré par le chamane de son village. Il apprendra courageusement la vie en affrontant les chemins sinueux et dangereux de la Cordillère pour ramener au village la statue sacrée en or qui le protège ; un village qui vénère Pachamama, la déesse de la terre mère.
Né de la collaboration entre un réalisateur argentin et une production française, il aborde beaucoup de thèmes comme celui ancestral du respect de la terre des ancêtres, l’empire des Incas, Cuzco leur capitale, l’arrivée des cruels conquistadors sans foi ni loi, le chamanisme, sans parler des valeurs essentielles qu’il véhicule comme le courage, la maturité, l’écoute et la solidarité. Magnifique et édifiant.https://www.youtube.com/embed/l3C9iFuuhYY?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
“Roma” **** de Alfonso Cuarón avec Marina de Tavira, Yalitza Aparicio, Latin Lover, Daniela Demesa, Nancy Garcia, Marco Graf, etc. Durée: 2h15’. Diffusé seulement sur Netflix et exceptionnellement au Palace pour quelques séances.
Lion d’or à Venise, le grand réalisateur mexicain à qui l’on doit « Gravity » (2013) nous parle ici de son enfance dans les années 70 à Mexico où il a grandi dans le quartier de Roma, non loin de La Condesa, les quartiers chics de la mégapole. Tourné en noir et blanc dans une mise en scène magistrale (l’arrivée de la voiture dans le garage risque de rentrer dans les annales du cinéma avec un grand C), l’originalité -mis à part la qualité formelle exceptionnelle du récit- tient dans l’angle de vue adopté : tout est écrit depuis le point de vue de l’adorable et dévouée petite bonne indienne, une actrice non professionnelle de Oaxaca, au sud du pays. Sur fond de tension politique et sociale sous un régime autoritaire, on suit la vie de cette famille bourgeoise pendant une année (la fanfare est là comme étalon pour nous le signaler) où il se passe des choses essentielles. Inutile de vous en dire plus. Il est important de rappeler que « Roma » est une commande de Netflix dont la stratégie est clairement d’enrichir son offre, avec des films de qualité réalisés par de grands réalisateurs, et de permettre sa distribution dans quelques salles. De quoi prendre vraiment sa place dans ce monde intraitable… Y a-t-il plus vibrant hommage du cinéaste à sa nounou qu’il considérait comme sa mère ? « Des héroïnes , dit-il. Un film qui n’aurait jamais vu le jour sans le financement de la plateforme vidéo. Qui prendrait le risque aujourd’hui de produire un film en noir et blanc qui parle de souvenirs d’enfance mexicains ? »https://www.youtube.com/embed/fp_i7cnOgbQ?version=3&rel=1&showsearch=0&showinfo=1&iv_load_policy=1&fs=1&hl=en-GB&autohide=2&wmode=transparent
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