Bruxelles comme toute ville révèle des trésors cachés, peu connus, surtout du grand public. Le Centre Albert Marinus en fait partie. Fermé pour rénovation pendant quelques années, il vient de rouvrir ses portes cet automne en accueillant « Le Monde de François d’Ansembourg. » 
Un univers tout à fait particulier élaboré au fil des années par un homme que l’on aurait du mal à définir si on nous le demandait. En effet, qui est François d’Ansembourg ? Un élégant esthète, un antiquaire original, un collectionneur passionné, un amoureux des objets rares, un amateur éclairé ? Je crois qu’il est tout cela à la fois. Même si l’on ne partage pas ses goûts et affinités, il est impossible de ne pas être séduit par son univers. Un univers aussi riche et foisonnant que la caverne d’Ali Baba qu’il a construit petit à petit au hasard de rencontres et d’expériences ; un monde foisonnant dont il connaît chaque pièce. François est capable de nous raconter l’histoire qui se cache en filigrane derrière chaque tableau, chaque pierre, chaque coquillage, chaque animal, chaque statuette. Magnifiquement mis en scène, il les réunit par genre, matière, forme et l’accumulation est surprenante. Il peut aussi les transformer, associant là une pierre et un petit personnage, ici encadrant par exemple les tableaux de sa femme Ariane (qui ne le fait jamais.) Il aime ajouter quelque chose sans dénaturer l’œuvre de l’artiste. Il aime aussi beaucoup la nature, les curiosités naturelles, les animaux, particulièrement les oiseaux dont l’impressionnant dodo, l’animal emblématique de l’Ile Maurice qui a disparu au milieu du XVIIe s. Celui qui trône dans le hall d’entrée du musée est une reconstitution entièrement réalisée par Pierre-Yves Renkin, célèbre taxidermiste et sculpteur animalier à qui il dit en revenant de là-bas : « C’est tellement triste, il n’y a plus de dodo. Toi qui peux faire n’importe quel animal, fais-moi un dodo. En fait, Pierre-Yves en a fait trois dont un qui a été vendu au Museum d’Histoire naturelle de Paris. » Et l’on pourrait rester des journées entières à écouter cet homme surprenant nous raconter tout cela de sa voix douce. 
Et de conclure par un extrait du texte écrit par Philippe d’Arschot et Valentine Henderiks dans le livre édité à l’occasion de l’exposition : « Ce qui fait aujourd’hui de François d’Ansembourg un antiquaire hors du commun, c’est sa personnalité à l’image des objets qu’il chine : à la fois raffinés et rustiques, précieux et naïfs, opulents et simples, classiques et déjantés. » 
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
 
Jusqu’au 30 janvier 2022
Centre Albert Marinus 
40, Rue de la Charette 
B-1200 Woluwé-St-Lambert 
Ouvert du mercredi au dimanche de 13h à 17h. Fermé les 25-26/12 & 1-2/01