Teresa Margolles. « Tu t’alignes ou on t’aligne » 

 

Première exposition en Belgique de la grande artiste mexicaine. Celle qui est régulièrement à La Biennale de Venise avec des installations qui font froid dans le dos, celle qui est née dans le nord-ouest du Mexique au centre des cartels de la drogue, celle qui s’est formée dans des domaines très différents -photographie, communication et médecine légale- réalise depuis plus de trois décennies un travail sur la violence économique, politique et sociale que le monde inflige au corps humain.

 

Sous le titre « Te alineas o te alineamos » qui n’est autre que le commandement du nouveau Décalogue du crime organisé dans son pays natal, l’exposition se déroule en deux parties et plusieurs volets.

La première présente un film sur une jeune croate transgenre, plusieurs fois violée, qui répète en boucle le mot ‘picka’ (vagin). En montant le joli petit escalier en bois, on découvre quatre photos de femmes chargées d’une lourde pierre fuyant le Venezuela, par le fleuve qui le sépare de la Colombie… Ensuite, une série de photos agrandies des avis de recherches de femmes à Ciudad Juarez avec les traces d’arrachage opérées tant par les narcos que par les autorités, qui veulent étouffer ces crimes… Enfin, dans la dernière salle, est exposée une magnifique broderie traditionnelle indienne réalisée par des militantes autochtones boliviennes sur un tissu tâché par le sang d’une femme assassinée…

 

La deuxième partie parle de Charleroi que l’artiste a parcourue à pied, ne cachant pas son étonnement pour ce qu’elle a découvert dans le monde civilisé qui est le nôtre, si près de la capitale de l’Europe : bâtiments abandonnés, toxicos, SDF, bref l’envers du décor d’un pays riche…

Des enregistrements de voix de près d’une centaine de Carolorégiens font face à 40 visages de marginaux moulés dans le plâtre qui portent tous un prénom.

Enfin, j’ai oublié de dire que deux enseignes lumineuses, l’une d’un ancien bar de Ciudad Juarez, l’autre d’un ancien casino de Charleroi sont accrochées sur la façade.

 

Le BPS 22, édifice industriel magnifiquement rénové, lieu hybride qui présente toujours des expositions intéressantes est le prétexte idéal pour partir à la découverte d’une ville que peu de bruxellois connaissent, à tort, alors qu’on y est tellement bien accueillis.

 

 

Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave

 

Jusqu’au 5 janvier 2020

BPS 22

22, Boulevard Solvay

B- 6000 Charleroi

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé le lundi.

www.bps22.be