« On Fire. Arts et Symboles du Feu » au CENTRE DE LA CERAMIQUE KERAMIS

Sur le site du siège de l’ancienne faïencerie Royal Boch à la Louvière, nous voilà doté d’un impressionnant nouveau musée contemporain. Architecture minimaliste -lignes pures et sobres- à l’originale façade en béton craquelé, œuvre de l’artiste Jean Glibert qui a l’habitude de travailler avec des architectes, sur les murs desquels il inscrit formes et couleurs abstraites, susceptibles de redéfinir l’espace. Une réussite.

COPYRIGHT MICHEL MABILLE

COPYRIGHT MICHEL MABILLE

Après la faillite en 2009 suite à un siècle et demi d’activités, il était temps de repartir sur d’autres bases. Agencé autour des trois immenses fours-bouteilles en briques (où la cuisson durait 48h à 1300 degrés !), uniques témoins de cette technologie industrielle la plus connue au XIXe s., un quintet d’architectes -dont je n’ai pas retenu les noms- a édifié un bâtiment ultra moderne, qui ne se veut pas exclusivement un musée de la céramique mais surtout « un lieu d’art, de culture et de création », selon les mots du directeur des lieux.
Lignes courbes, lumière naturelle, réserves précieuses tout en vitrines assorties d’explications techniques sur les différents processus de fabrication, salles dédiées aux créations modernes où l’on admire entre autres des ‘beautés’ massives des deux Pierre, Caille et Culot. A l’étage, le design en céramique de la fin du XIXe à nos jours, les pièces iconiques de la faïencerie Royal Boch et enfin, une salle avec de larges baies vitrées pour les expositions temporaires d’artistes actuels. Le tout admirablement mis en valeur par du mobilier dessiné sur place par les architectes ou fourni par Vitra.

Place à l’exposition temporaire autour du thème emblématique du feu, à côté du grand mural de Raymond-Henri Chevalier composé de près de 700 carrelages en faïence émaillée et dorée (prêté par le Musée Royal de Mariemont) créé spécialement pour les nouveaux bureaux de Boch Keramis à la fin des années 40 et d’où surgit un Prométhée nu sortant des flammes, l’auditorium. J’y ai vu une vidéo de Michelangelo Frammartino (Italie, 2010, 12’) qui, oscillant entre land art et arte povera nous enseigne la préparation du charbon de bois ; les « Bottes » de Rachel Labastie qui, dit-elle, « reviennent de loin » ; le « Raz20150624_890920150624_8910de-marée » Anne Mercedes qui aime « rendre visible une force dans la forme » ; les formes puissantes d’Hervé Rousseau qui « cherche d’abord la simplicité, une évocation plutôt qu’une désignation, une figuration », l’un des meilleurs de la cuisson au feu de bois avec son aîné Claude Champy dont l’œuvre a marqué la céramique française des années 1980 ; le travail radical de Florence Lenain dont le but est de rendre l’effet du lichen accroché aux pierres dressées, nécessitant des cuissons en plusieurs étapes durant lesquelles les couches superposées fondent successivement ; le sculpteur tournaisien et artiste polyvalent Emile Desmedt qui a pour référence la terre, etc. ponctuent cette grande salle blanche. Pointons encore au rez-de-chaussée le triptyque de Marc Alberghina, originaire de Vallauris et dont le travail est plus expérimental et conceptuel.

Une manière intelligente de nous amener, à travers la céramique, à réfléchir au mythe fondateur de notre civilisation : « le feu est le seul élément qu’elle n’a pas souillé, alors qu’elle a pollué l’air, l’eau, la terre… » in « Global burn-out » de Pascal Chabot, PUF, 2013.

20150624_8911INFOS PRATIQUES

Jusqu’au 13/09
Centre Keramis
Centre de la Céramique de la Fédération Wallonie – Bruxelles
Place des Fours-Bouteilles, 1
B-7100 La Louvière
Tél. : +32 64 23 60 70
info@keramis.be
www.keramis.be
Ouvert du mercredi au dimanche de 10h à 18h.
Visites guidées, stages, animations sur demande

5€

A compléter avec un parcours Boch Keramis dans les rues de La Louvière.