“MARLENE DUMAS: THE IMAGE AS BURDEN” 
 
L’image comme un fardeau… Que signifie le titre de l’exposition d’une des plus grandes artistes actuelles, née en 1953 au Cap en Afrique du Sud, qui vit et travaille à Amsterdam depuis les années 70?
Marlène Dumas travaille à partir de photos de journaux, magazines dans lesquels elle découpe un nombre incalculable d’images et de textes qu’elle garde précieusement dans son atelier. Et puis, elle ressort de ses dossiers telle ou telle image pour peindre ce que cela lui évoque. A travers son interprétation de ces centaines de personnages sélectionnés, triés, découpés, elle attire notre attention et nous montre leur beauté, leur trouble, leur souffrance, leur humanité.
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Peintre figurative par excellence, impossible de ne pas tenter un rapprochement avec Luc Tuymans avec qui elle a eu récemment une exposition à la Zeno X Gallery à Anvers (même si elle est à mes yeux d’un autre niveau), Marlène Dumas nous touche énormément par ce monde cohérent qu’elle a créé, empreint de tant de douceur, de tendresse, d’émotion, de mélancolie voire de compassion. Difficile de rester insensible face à  la tête de la jeune palestinienne sur laquelle s’ouvre l’exposition, victime innocente parmi d’autres de l’intifada… Une seule toile non figurative dans tout le parcours, faite de morceaux de couleurs magistralement agencés, immense et superbe toile abstraite qui nous rappelle au moment où l’on commémore en grande pompe les 25 ans de la Chute du mur de Berlin, qu’il y a des dizaines d’autres murs dans le monde édifiés par la bêtise et l’aveuglement des hommes comme celui-ci, entre Israël et la Palestine… Toute une salle est consacrée aux grands portraits de Marie-Madeleine qu’elle a réalisés pour le pavillon hollandais de la 46e Biennale de Venise en  1995.
Marquée par son enfance en Afrique du Sud sur fond d’Apartheid, on admire une magnifique série de portraits de Noirs. Mais la pièce maîtresse de l’exposition, n’est-elle pas cette série intitulée “Modèles” faite de 100 portraits de femmes en noir et blanc où seuls les yeux sont colorés? Mention spéciale aussi pour La famille nucléaire qui fait partie de ses dernières toiles et qui achève de nous convaincre qu’on est là face à une immense artiste dont la sensibilité et la force nous va directement au coeur.
Troublante, submergeante, émouvante, rarement une exposition nous a émus à ce point…
 
Saluons le travail excellent de la commissaire Leontine Coelewij qui a organisé l’exposition en collaboration avec la Tate Modern à Londres où elle sera exposée du 5/02 eu 10/05/15 et la Fondation Beyeler à Bâle où elle poursuivra son chemin du 30/05 au 13/09/15.
 
Jusqu’au 4/01/2015 au Stedelijk Museum  Museumplein, 10  1071 DJ Amsterdam. Tél.: +31 20 5732911
Ts les jrs 10h-18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h. Entrée: 15 EUR