Disons-le d’emblée : l’exposition, résultat d’une collaboration entre le KMSKA et le MUHKA est l’une des plus belles et intéressantes que j’ai vues ces dernières années en Belgique. 

L’œuvre de Jef Verheyen, artiste flamand du XXe s., se distingue par son exploration de la lumière et de la spatialité, des thèmes intimement liés à sa pratique artistique. 

Dans le cadre de cette exposition joliment et poétiquement surtout, intitulée “Fenêtre sur l’infini“, ces éléments revêtent une importance particulière, car ils sont au cœur de la vision de l’artiste sur l’art et le monde. La lumière dans ses peintures n’est pas simplement un élément esthétique, mais plutôt un protagoniste actif, capable de transformer l’espace et de transcender les limites physiques. Verheyen a développé une fois qu’il se sentait prêt, après des années de travail et de recherche, une technique unique où les couches de peinture translucides interagissent avec la lumière ambiante et créent une sensation de profondeur et de mouvement. Les tons lumineux semblent émaner de l’intérieur de ses toiles, évoquant une qualité presque immatérielle et mystique. 

La spatialité dans ses œuvres est également fascinante. Verheyen joue avec les concepts de profondeur et de perspective pour créer des compositions qui semblent s’étendre à l’infini. Les formes se superposent et se fondent les unes dans les autres, brouillant les frontières entre la réalité et l’abstraction. L’exposition montre brillamment cette exploration de l’espace qui a pris une dimension particulière, nous invitant à contempler l’étendue infinie de l’univers à travers sa vision. 

Son utilisation de la lumière et de la spatialité transcende les simples notions esthétiques pour devenir une réflexion philosophique sur la nature de l’existence et de la perception. En regardant ses peintures, le spectateur est invité à se perdre dans un monde de sensations et de contemplation, où les frontières entre l’ici et l’ailleurs s’estompent et où la lumière devient le guide vers l’infini. 

Un parcours chronologique éclairé par quelques mises en regard spatiales avec les œuvres d’artistes comme Permeke, Fontana, Otto Piene, Gunter Uecker, etc. et lumineuses avec d’autres invités tels que Kimsooja, Pieter Vermeersch, Ann Veronica Janssens démontrent magistralement le côté pionnier de l’artiste flamand, à la suite de ses illustres prédécesseurs dont, à raison, il s’est revendiqué haut et fort dans le monde. 

Bref, s’il y a une expo à voir ce printemps, c’est certainement celle-ci. 

Texte & Photos Virginie de Borchgrave 

Jusqu’au 18 août 2024 
www.kmska.be