Alechinsky Carta Canta ***

Petite et intéressante exposition de l’un de nos plus grands artistes belges non seulement par le parcours, la créativité, le style unique mais encore, la longévité. 

Né en 1927 à Bruxelles (St-Gilles), Pierre Alechinsky fait à intervalles réguliers, depuis près de 5 décennies, des donations au Musée d’art ancien de sa ville natale. Pour le plus grand bonheur des visiteurs, autochtones et allochtones. A 93 ans bien sonnés, bon pied, bon œil, ce membre fondateur du groupe avant-gardiste Cobra dans l’Europe d’après-guerre (il dira que le mouvement a été son école) n’a cessé de créer, inventer et coucher sur la toile, la palette infinie des possibilités de son coup de pinceau, reconnaissable entre tous. A ses débuts, il peint à l’huile sur toile, ensuite à l’acrylique sur papier puis à l’encre, plus rapide, souple, fluide, en harmonie avec le geste. 

Un travail qui semble émaner d’une introspection personnelle, mise en lumière sous des formes diverses, à la fois graphique, ludique, noire et blanche ou colorée, joyeuse et profonde. Quel cocktail. Un enthousiasme assorti d’un humour que l’on sent poindre derrière la plupart des œuvres, qu’elles soient petites, anecdotiques ou magistrales (comme celle du grand hall d’entrée du musée) et quel que soit le medium : dessins, eaux fortes, lithos, gravures, aquarelles, etc. 

L’exposition est jolie, la vidéo très bien filmée (sauf le son, quasi inaudible) mais n’hésitez pas à la prolonger par un parcours dans le Musée Fin-de-siècle où vous en découvrirez d’autres. 

Pierre Alechinsky ? Ce peintre russe d’origine juive, formé à Decroly puis à la Cambre où il étudie entre autres la typographie et les techniques de l’imprimerie, influencé par Jean Dubuffet, Henri Michaux et les surréalistes est peut-être avant tout un calligraphe, une technique acquise en Extrême-Orient. Quelle personnalité.  

Aboriginalités **

Je ne vous cache pas ma déception sauf de celle de retrouver dans la 1re salle, l’installation de Richard Long de ‘Be Modern’, l’exposition précédente, à la vue de ses toiles issues de cette culture aborigène qui me plaît normalement beaucoup. Depuis la nuit des temps, ces artistes australiens reconnus dans le monde entier s’expriment sur leur sol, les parois de leurs grottes, dans le sable, sur leurs corps et… jusque dans le ciel, s’ils le pouvaient ! Le cosmos, les étoiles sont leurs inspirations et leurs aspirations.

Même si en les photographiant, les toiles prenaient une autre dimension, les quelques 250 pièces de la collection de Marie Phillippson ne m’ont malheureusement pas convaincue. J’en ai trouvé beaucoup sans relief, fades, plutôt tristes, juste décoratives. J’ai eu parfois l’impression de déambuler dans l’une des éditions de l’Affordable Art Fair… L’idée de Michel Draguet, le conservateur d’en mettre certaines en rapport avec la collection du musée est excellente évidemment et à ce niveau-là, c’est vraiment la dernière salle la plus convaincante avec Walter Leblanc et Magritte. 

Certains de mes détracteurs disent que je suis toujours très (trop ?) enthousiaste. C’est vrai que je choisis en général ce que je vais voir et sur quoi, je vais écrire et bien, « Aboriginalités » montre que ce n’est pas toujours le cas… J’attends déjà avec impatience la 2e exposition sur le sujet, en provenance d’une grande collection suisse qui aura lieu à l’automne au Musée du Cinquantenaire pour y confronter (ou y conforter ?) mon regard et ma plume. 

Texte & Photos Virginie de Borchgrave

Jusqu’au 1er août

Musées Royaux des Beaux-Arts

3, Rue de la Régence

1000 Bruxelles

Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 17h ; les weekends de 11h à 18h

Fermé le lundi & le 1er mai

SUR RESERVATION ON LINE

www.fine-arts-museum.be