Texte & Photos-montages Virginie de Borchgrave

 

Enfin une grande exposition en Belgique, de l’un de nos plus grands artistes.

Ne parlez surtout pas de rétrospective car ce n’est pas sa vision. Né en 1965 à Wervik en Flandre, Wim est un artiste-né qui dessine depuis sa plus tendre enfance. Il a même publié « Early Works » qui reprend ses travaux de prime jeunesse. Derrière son côté volontairement provocateur (et sympathique en même temps), se cache un artiste hors pair, unique, extrêmement cultivé et intelligent. La preuve par A+B est démontrée ici où l’on a enfin l’occasion d’apprécier son travail sous toutes ses facettes et comprendre son évolution.

Wim ne travaille pas seul et pas seulement en Belgique non plus. Il entend parler d’artisans talentueux dans tel ou tel pays, telle ou telle culture et le voilà parti travailler avec eux. Après l’Indonésie, la Chine, on le retrouve aujourd’hui en Iran à Kashan, une ville à quelques heures au sud de Téhéran, rénovant des maisons anciennes de type caravansérail et tatouant cette fois-ci, non plus des cochons mais des carrosseries de voiture (repliques à l’identique pour la Maserati 450set copie à l’échelle réduite pour la Ferrari Testa Rossa) ! Wim a toujours l’air de s’amuser, quoi qu’il fasse mais il est avant tout un infatigable bosseur. Si vous suivez son travail, vous verrez qu’il n’arrête pas.

 

Je ne vais pas revenir sur « Cloaca », la célèbre machine déclinée en dix exemplaires depuis sa création en 2001 reproduisant le mécanisme de notre système intestinal et qui a suffisamment créé la polémique, une dimension qui fait partie integrante de l’œuvre d’ailleurs (elle trône à l’entrée de l’exposition bien qu’à l’origine, elle ne devait pas en faire partie) mais j’attirerais plutôt votre attention sur les poétiques “Love Letter” retranscrites en pelures de pommes de terre ; les incroyables pneus transformés en dentelle de caoutchouc ; les vitraux, audacieux mélange d’architecture gothique et de technologie ; les sculptures noires inspirées de la psychanalyse et du fameux test de Rorschachet leur prolongement dans le « Coccyx double » en marbre posé sur la table dans la même matière ; les autres sculptures brillantes en bronze laqué ou patiné, versions tordues d’œuvres présentes dans la collection du musée ; des cochons qui dialoguent avec les grands formats de peinture baroque de la collection permanente, nouvelle version de la taxidermie (le moule est recouvert non de peau reconstituée mais de tapis orientaux (je vous avais dit qu’il était provocateur, non? Cochon versus culture orientale… ) Et encore des valises gravées, un vaisselier hollandais fabriqué en Indonésie qui expose de fragiles objets décorés en porcelaine de Delft sauf que ces délicats objets sont des bonbonnes de gaz et des lames de scie circulaire !

 

Et enfin, le meilleur pour la fin que vous trouverez à votre gauche au début du parcours en dessous des grands escaliers, des bas-reliefs en marbre présentés pour la première fois ici dont les sujets sont des décors des derniers jeux vidéos en ligne comme Fortnite…Wim est fasciné par les phénomènes de société. Il n’est pas le seul mais l’interprétation qu’il en fait, en tant qu’artiste baigné dans l’air de son temps est impressionnante.

 

Et maintenant, j’espère que je vous ai convaincus de profiter de cette magistrale exposition qui est à l’image de l’artiste… tout simplement géniale !

 

Jusqu’au 21 juillet 2019

Fine Arts Museum

3, Rue de la Régence

B-1000 Bruxelles

Tél. +32 2 508 32 11

Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 17h. Le week-end de 10h à 18h. Fermé le lundi.

Entrée : 14,5€ / 12,5€ / 10,5€ / 8€ / 0€

www.fine-arts-museum.be