« Moderniteit à la belge »***

Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave

img_1852Cette remarquable exposition où chaque toile vaut la peine qu’on s’y arrête a été orchestrée de main de maître par le contesté Michel Draguet, directeur général des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, pour ceux à qui cela aurait échappé… Un siècle d’art belge en provenance des collections de ‘ses’ musées complété par quelques toiles ’invitées’ indispensables pour brosser le tableau ! Constant Permeke, Paul Delvaux, Jean Brusselmans, Rik Wouters, Gustave De Smet, Marcel-Louis Baugniet, Antoine Mortier, Victor Servranckx, Jo Delahaut, Jef Verheyen, Evelyn Axell, Serge Vandercam, Christian Dotremont, Léon Navez, Frits Van den Berghe, Marc Chagall, etc. pour citer, dans le désordre, ceux que je connaissais mais aussi Marthe Donas, Pierre-Louis Flouquet, Paul Maas, Marie Howet, Paul Van Hoeydonck, etc. Voilà en tous cas une (très) belle démonstration que nous avons presque tout en ‘nos’ murs pour un riche musée d’art moderne, celui dont on nous a privés (Mr Draguet en tête…) depuis 5 ans déjà, au profit du Musée fin de siècle dont je n’ai toujours pas eu envie de pousser la porte… Une exposition en forme de ligne du temps visuelle qui balaie tout le XXe siècle artistique belge, à travers différents thèmes aux titres plutôt originaux tels que « Perspective synthétique », « La modernité comme résistance au moderne », « La ville tentaculaire », « Promesses de visages », « L’abstraction pour l’homme nouveau », « Ironie et déconstruction au pays du surréalisme », « Obsolescences industrielles », « La modernité dissoute en ironie », un terme utilisé à bon escient dans cette exposition où manquent quelques-uns de nos artistes contemporains majeurs, comme Ann Veronica Janssens, Michel François ou Michaël Borremans. On a tout de même droit à une œuvre des plus médiatisés : Wim Delvoye, Luc Tuymans et Jan Fabre. J’ai aimé certains rapprochements comme celui entre la mer de Permeke et celle de Thierry De Cordier, subtil et édifiant face à face. Alors faisant fi de toute la polémique qui entoure la personnalité du commissaire de l’exposition, j’ai pris un plaisir immense à la parcourir et vous conseille de ne surtout pas la rater car elle est passionnante. Je compte d’ailleurs y retourner car, avant de revoir notre patrimoine, il faudra peut-être encore attendre longtemps…

Jusqu’au 22 janvier 2017img_1898

 

« Iconotextures »** de Thierry De Cordier

Texte & Photo panoramique Virginie de Borchgrave

Douze œuvres monumentales faites de grands papiers recouverts d’écritures où l’on n’a de cesse de retrouver le mot Dieu. On apprend qu’il s’agit de milliers de définitions de Dieu écrites à la main par l’artiste pendant 5 ans ! J’aime cette petite salle qui se prête bien aux expositions plus intimistes comme celle, il y a quelques années, de Walter Leblanc dont je garde un souvenir intact. Magie de l’écriture, référence biblique, parallèle artistique avec le choc des peintures de Cy Tombly à Beaubourg à Paris quand j’étais jeune (face à quoi, étais-je confrontée: de l’écriture enfantine ? des gribouillages ?) suivi plus tard au Smak à Gand par les dessins à l’encre bleue de Jan Fabre… Tout s’entrechoque et s’emmêle dans mon cerveau. Pas facile à lire et en même temps impossible de ne pas essayer de déchiffrer. Mais quelle est la signification, s’il y en a une dans le chef de Thierry De Cordier, artiste athéiste ? Une quête spirituelle ? Ou un règlement de comptes avec une éducation trop catho ? Une répétition qui va jusqu’à l’absurde lorsqu’on sait qu’il a pris des proverbes dans lesquels il s’est amusé à remplacer certains mots par Dieu! Un sens à chercher peut-être dans le titre donné à ce travail titanesque (pour une fois qu’un artiste se foule à donner un titre à ses œuvres) ? Etymologiquement, je comprends : icônes à la texture manuscrite appelées sans doute à disparaître au fil de l’exposition à la lumière, cette lumière qui composait ses tableaux précédents, mers et montagnes sombres et menaçants. Un artiste qui s’affirme de manière aussi forte que minimale, aussi présent que discret, qui questionne le monde, la nature, la religion, l’absolu.

Nous voici, une fois de plus emporté par sa force unique.

Jusqu’au 22 janvier 2017img_1714

 

« Bruegel Box »*

Ou comment les nouvelles technologies sont capables aujourd’hui de révolutionner notre vision des chefs-d’œuvre. En préparation, en 2019, au 450e anniversaire de la mort de Pieter Bruegel l’Ancien, on découvre certains tableaux numérisés visibles désormais dans le monde entier alors que l’orignal, trop fragile est désormais assigné à résidence. Nous sommes Salle Bernheim (en face de celle de Thierry De Cordier) plongés dans l’univers bruegelien où sont projetés sur les murs « La chute des anges rebelles », « Les proverbes flamands » et « La prédication de St-Jean-Baptiste ». Fabuleux. J’apprends que la technologie Gigapixel peut numériser un tableau jusqu’à son plus petit détail et l’agrandir autant de fois qu’il veut et que, cela n’est rien encore, quand on sait que 12 tableaux du maître en haute définition sont déjà accessibles sur Google. Bien sûr, le virtuel ne supplantera jamais le réel mais saluons tout de même la formidable avancée technologique en matière de culture.

Permanent

 

Musées Royaux des Beaux-Arts

3, Rue de la Régence

B-1000 Bruxelles

Tél. : +32 2 508 32 11

Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 17h, les samedi & dimanche de 11h à 17h. Fermé le lundi

Entrée : 8 EUR /6 EUR seniors / 2 EUR enfants & jeunes (6-25 ans)

www.fine-arts-museum.be