Sous la houlette d’un commissaire comme Bruno Corà, directeur de la magnifique Collection Burri à Città di Castello en Italie, on pouvait s’attendre à une exposition d’envergure, à la hauteur surtout de celles de la Fondation Boghossian.

Sous le titre Ekphrasis : “description élogieuse et construite d’une œuvre d’art, réelle ou fictive, souvent conçue sur un modèle pour parvenir à une grande puissance d’évocation » et de prendre pour exemple la description par Homère du bouclier d’Achille dans l’Iliade, on découvre les œuvres d’une quarantaine d’artistes internationaux -parmi les plus célèbres aujourd’hui- qui tous se servent du langage pour créer. Un médium utilisé depuis la nuit des temps.

Si Shirin Neshat (Quazin, Iran, 1957) ou Jenny Holzer (Gallipolis, Ohio, 1950) emploient l’écriture pour faire passer un message, d’autres comme Alighiero Boetti (Turin, 1940 – Rome 1994) ou Art & Langage (collectif d’artistes conceptuels britanniques fondé en 1968 à Coventry en Angleterre) l’utilisent à des fins plus personnelles. Enfin des artistes comme le génial Fred Eerdekens (Heusden-Zolden, 1951) la place au centre de leur création. Langage, matériau, lumière et ombre sont ses leitmotivs. On découvre ici une œuvre différente de celles auxquelles il nous a habitués, aussi végétale que poétique : un arbuste dont l’ombre projetée sur le mur forme le mot ‘muse’.

Nasser Al Salem (La Mecque, 1984) maître en calligraphie et architecte, Peter Downsbrough (New Brunswick, New Jersey, 1940) artiste et aussi architecte, à cheval entre art conceptuel et concret et enfin, Lawrence Weiner ((New York, 1942) spécialiste depuis les années 70 des installations murales et de livres d’artistes, ont, eux, réalisé trois œuvres in situ.

Une exposition très lisible.

Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave

Jusqu’au 9 février 2020

Fondation Boghossian – Villa Empain

67, Avenue Franklin Roosevelt

B-1050 Bruxelles

www.villaempain.com

 

 

« Habitats abandonnés de Beyrouth » de Gregory Buchakjian **

 

Une exposition au titre explicite qui prend une résonance particulière cet automne avec les manifestations quotidiennes dans les rues de la capitale.

 

Gregory Buchakjian qui porte plusieurs casquettes dont celles d’historien de l’art, directeur de l’Ecole d’Arts Visuels à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts et artiste pluridisciplinaire a parcouru les maisons en ruine du Beyrouth après-guerre pour en faire l’inventaire. Une ville dont l’histoire est aussi riche et millénaire que meurtrie, minée par la corruption qui ne sait comment panser ses plaies …

 

Secondé par l’écrivaine Valérie Cachard, ils recueillent et analysent tout ce qu’ils trouvent, au milieu des décombres, à savoir des photos, cartes postales, lettres, effets personnels, documents officiels, etc.

 

« Habitats abandonnés » prend une dimension aussi architecturale que sociale et historique à travers trois sections :

– l’inventaire de près de 750 immeubles

– la photographie sombre et mise en scène où l’on aperçoit des silhouettes féminines qui donnent une dimension artistique

– l’histoire d’une maison en particulier qui n’a pas été détruite par la guerre mais laissée volontairement à l’abandon par ‘intérêt’ économique…

 

Enfin, un film où l’on visualise les protagonistes à l’œuvre vient compléter l’ensemble.

 

Voilà une manière particulière et sensible de parler de Beyrouth. Impossible de ne pas rapprocher le propos de celui de la Biennale de photographie contemporaine qui a lieu en ce moment à Paris à l’Institut du Monde Arabe (cfr article dans la rubrique EXTRA MUROS)

 

Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave

 

Jusqu’au 5 janvier 2020