Interview & Photos-montage Virginie de Borchgrave

 

Sophie Hasaerts la connaît bien, suit son travail depuis longtemps et l’a surtout exposée à l’époque où elle dirigeait l’espace Hangar, Place du Châtelain.Elle expliquait à qui voulait l’entendre le travail d’Agnès à son vernissage. J’en ai profité pour lui poser quelques questions :

 

Comment expliques-tu sa démarche ?

Comment est-elle arrivée à la vidéo ?

Qu’exprime-t-elle à travers tous ces « MY’s » qui font plus référence à tout un chacun qu’à elle-même ?

Agnès est omniprésente dans cette expo : est-ce habituel ou non ?

Et à l’étage, les broderies « Just Man » ?

Que veulent dire les bouches ? Ont-elles un message à délivrer ?

 

Voici ses réponses :

 

« J’ai entendu dire devant une oeuvre d’Agnès Guillaume: « Tout était là, et on ne l’avait pas vu ! »

 

Agnès Guillaume fut exposée pour la première fois en Belgique  en 2012 à la Chapelle de Boondael à Ixelles. Nourrie par différentes formations, la musique, le théâtre et l’écriture dans d’autres vies, l’art vidéo venait de lui tomber dessus, à peine deux ans auparavant, comme une évidence qui s’est imposée presque par surprise.

 

Aujourd’hui, l’exposition « 4 MY’s + » aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique est une reconnaissance importante de son travail. Entre ces deux rendez-vous, sept années durant lesquelles elle a beaucoup travaillé et a été exposée notamment à Anvers, par la célèbre galerie De Zwarte Panter ; en France, entre autres à Paris par le Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris (Petit Palais), en contrepoint contemporain à l’exposition « Fantastique ! » En ce moment, elle expose aussi au Château de Chimay « Labyrinthe » (jusqu’en octobre 2019).

 

Entre acteurs privés et institutionnels, mes activités de project managerindépendant, m’ont donné la joie de l’accompagner dans certains de ces projets, comme ce fut aussi le cas en 2014, lors de « Vidéo Installation »exposition au Hangar H18, dont j’étais alors la directrice artistique. 

 

Le titre de l’exposition est à l’image de son oeuvre, énigmatique au premier contact, mais paradoxalement limpide, ou plutôt juste – un critère incontournable pour l’artiste. Au coeur de « 4 MY’s + », il y a  quatre vidéos, « My Nights, My Fears, My Roots et My Thoughts », ses 4 «  Mys »… + 1: « You said Love is Eternity », triptyque impressionnant qui s’intègre bien en écho aux collections du musée. 

 

Dans ses « My’s », Agnès se fixe les quatre mêmes contraintes formelles, nécessaires au langage poétique : écran unique, du blanc + une couleur, des petits animaux blancs en interaction avec l’artiste, qui apparaît d’une manière ou d’une autre… Autoportraits, introspections ? Pas si simple non plus. Les « My’s » sont en fait des « Our’s » : des mises en intimité qui sont des miroirs où chacun prendra conscience de soi comme il peut, en remontant les fils universels profondément tissés dans un vocabulaire en apparence réel mais qui ouvre la porte à l’irréel, au poétique, aux résonances enfouies.

 

Artiste vidéaste ? Non plus, du moins pas que. Une artiste plasticienne qui malaxe tous les médiums, visuels, chromatiques ou sonores, la vidéo, le papier, la broderie… Bouches géantes, larves de cétoine, souris et méduses, hommes nus accessoirisés dans « Just Men »,cette dernière série brodée… S’immerger dans son univers, c’est accepter de se baigner dans un flux d’émotions essentielles, celles du genre humain. Effrayant et beau à la fois.

 

Je vous invite à compléter l’exposition en écoutant (ou podcaster) l’émission « Par ouï-dire » de Thierry Genicot sur La Première https://www.rtbf.be/lapremiere/emissions/detail_par-oui-dire?programId=272»

 

MRBAB Bruxelles

gratuit

–>28/7

fermè le lundi