image-1Magnifique et surprenante exposition qui présente principalement des toiles, dessins et aquarelles que nous ne connaissons pas.

Laissons Laura Neve, attachée scientifique au Musée d’Ixelles et commissaire de l’exposition nous expliquer pourquoi : 

“Le Musée d’Ixelles entretient depuis longtemps un lien privilégié avec Paul Delvaux. Jean Coquelet, ancien conservateur du musée (1957-1988) admirait son travail et lui consacre déjà une rétrospective en 1967. Aujourd’hui, le musée promeut l’œuvre de l’artiste, en lui consacrant de nombreuses expositions à travers l’Europe. Ceci grâce à Pierre et Nicole Ghêne, qui lui confient leur collection en 2009 pour une durée de cinq ans. Rassemblant des toiles mais aussi de très beaux dessins et aquarelles, elle est de loin la plus importante collection privée qui existe sur l’artiste.

L’exposition “Paul Delvaux dévoilé“, composée exclusivement de la collection Pierre et Nicole Ghêne, clôture un cycle de trois expositions au Musée d’Ixelles, deux autres en France (Biarritz et Marseille), une en Italie à Parme et enfin la dernière prévue à Madrid au Musée Thyssen-Bornemisza en février 2015. Celle-ci se distingue des précédentes par son approche anticonformiste. Un parcours non chronologique qui ne prend pas un parti pédagogique mais invite à une balade dans l’univers singulier du peintre. C’est à travers quelques thèmes sensibles omniprésents dans son œuvre tels que la poésie et le mystère, l’onirisme, la théâtralité, la solitude, le voyage comme moyen d’évasion, la féminité, etc. que l’on redécouvre son travail. A chacun de se laisser porter, sous ces différents angles, par l’atmosphère de ses toiles et de se plonger dans son univers résolument atypique.” 

Et maintenant à Pierre Ghêne d’expliquer comment il en est arrivé là? Avec la journaliste Danièle Gillemon*, il retrace l’histoire de cette passion qu’il nomme d’ailleurs d’un terme très amusant :

Il y a plus d’un demi-siècle, dit-il, que je souffre de Delvaux-pathie ! (…) Cela m’a pris un beau jour à la fin de mes études en juin 1962. Je rêvassais dans un bistrot quand mon attention fut attirée par un article de journal relatant la plainte d’une dame âgée à l’encontre de “La Visite”, un tableau de Paul Delvaux exposé à Ostende, où l’on voit un jeune garçon nu dans l’embrasure d’une porte face à une dame nue aussi, faisant l’offrande de ses seins ! Un des tableaux fondateurs que cette bonne dame trouvait tout simplement scandaleux. (…) Rapidement, je me suis intéressé plus sérieusement à l’oeuvre, puis de manière quasi obsessionnelle ! Dès le début des années 60, j’entame ma collection. Pas avec les Delvaux les plus recherchés, déjà forts côtés et hors de portée, mais avec tout ce qui, apparemment plus marginal -croquis, dessins, aquarelles- pouvait éclairer ce qui m’apparaissait alors comme une énigme qu’il me fallait élucider. (…) 

Je m’intéresse surtout aux oeuvres d’avant sa grande période, estimée autour de 1940, et je m’aperçois que, si son style -ce climat si typique- reste évidemment à définir, tout, absolument tout ce qui compose le monde delvalien et son lien crucial à l’enfance est en place très tôt: la femme, la mère, les amies ou amantes, l’homme coupé de ces femmes, retranché dans sa sphère, le monde antique qu’il vénère grâce à son professeur d’histoire, mais encore Jules Verne dont il a tout lu, les trains, les gares et même les squelettes. (…)” 

Et le collectionneur de conclure que s’il a fallu plus de 15 ans à Paul Delvaux pour trouver son style “ou plutôt ce climat poétique et métaphysique qui allait faire sa gloire”, cela en dit long sur le processus créatif de celui qui deviendra un peintre unique dans l’histoire de la peinture belge et internationale.

*Extrait de l’entretien in catalogue PAUL DELVAUX dévoilé, Editions Snoeck, 2014, 224p.

  Paul Delvaux- La Table- 1946 -c- Paul Delvaux Foundation- St-Idesbald-Koksijde- Belgium- photo V Everarts- Bruxelles 2013

Jusqu’au 18/01/2015 

Au Musée d’Ixelles

71, Rue Jean Van Volsem

B-1050 Bruxelles

Tél.: 02 515 64 21/22

www.museedixelles.be

Ouvert ma – di : 09h30′ – 17h

Fermé lu & jrs fériés

Entrée: 8 EURPaul Delvaux- La Femme au miroir- 1948 -c- Paul Delvaux Foundation- St-Idesbald-Koksijde- Belgium- photo V Everarts- Bruxelles 2013