« mel  a nc  h o  l  i    a  »

Texte & Photo-montage Virginie de Borchgrave

Quel plaisir de se balader dans ce parcours ‘sensible’ où chaque œuvre est censée nous apporter une interprétation, un éclairage sur le thème choisi. La bouillonnante Louma Salamé, directrice de la Fondation (et sœur de Léa que les amateurs de La Matinale de France Inter connaissent bien !) a décidé d’explorer la Mélancolie, ce « signe de distinction du cœur et d’élévation de l’esprit »  selon « Le Dictionnaire des idées reçues » de Flaubert, appelée aussi parfois ‘dépression’, un terme nettement moins poétique… La Mélancolie dont on apprend que l’étymologie vient de la bile (cholé) noire (melan). Un sentiment qui, selon les époques et les courants oscille du bon ou du mauvais côté et s’est révélé une inépuisable source d’inspiration pour les artistes. Avec des œuvres modernes et contemporaines dont certaines originales, réalisées expressément pour l’exposition comme au rez-de-chaussée la bibliothèque de livres en verre de Pascal Convert, les sculptures de Claudio Parmiggiani, les dessins d’Abdelkader Benchamma et à l’extérieur, l’installation de Christian Boltanski. En constant dialogue, les œuvres s’interrogent les unes les autres, se répondent, se marient ou au contraire rentrent en conflit autant qu’elles nous interpellent, voire nous incitent à approfondir autant que ressentir.

A travers six thèmes lourds de sens à savoir, chronologiquement « Le Paradis Perdu », « Mélancolies », « Ruines », « Le temps qui passe », « Solitude » et enfin « Absence », qu’éprouvons-nous après avoir vu ces dizaines d’œuvres qui s’étalent sur plus de 150 ans de l’histoire de l’art ? Inquiétude, désolation, regret du temps passé ? Sommes-nous inconsolables ? Ou à l’inverse, impression positive, encourageante en constatant que, et oui, l’art et ses disciples tels El Anatsui, Farah Atassi, Etel Adnan, Paul Delvaux, Marlène Dumas, Lionel Estève, Giuseppe Penone, Norbert Schwontkowski, Léon Spilliaert, Samuel Yal, pour ne citer que mes préférés sauveront le monde par leur créativité et leur regard unique.

Je terminerai sur l’œuvre « Fin » de l’artiste espagnole Eli Cortiñas (Las Palmas de Gran Canaria, 1976) composée du passage final d’un film découpé par l’artiste et tournant indéfiniment en boucle. Dans un paysage enneigé -scène tirée de « La Sirène du Mississipi » de François Truffaut- deux personnages se tenant par la main évoluent de dos vers une forêt peu engageante. En figeant la fin et défiant par là le temps, Cortiñas nous ouvre le champ des possibles tout en laissant libre court à notre imagination.

Belle métaphore de l’expo, doublée, si l’on veut, d’une interprétation d’une phrase de Théophile Gautier : « La mélancolie nuageuse du Nord n’est rien à côté de la lumineuse tristesse des pays chauds. »

 

Jusqu’au 19 août 2018

Fondation Boghossian

Villa Empain – Centre d’Art et de Dialogue entre les cultures d’Orient et d’Occident

67, Avenue Franklin Roosevelt

B-1050 Bruxelles

Tél. : + 32 2 627 52 30

Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h (dernière entrée à 17h15’)et les jours fériés (sauf les 1/01 & 25/12)

Entrée : 10 EUR plein / 8 EUR seniors / 4 EUR étudiants

Une date à noter : le 30 mai, rencontre avec l’artiste français Pascal Convert (1957) qui questionne le temps notamment à travers sa « Bibliothèque » de verre et ses photos de la « Falaise de Bâmiyân ».

www.fondationboghossian.com