Je suis curieuse, donc l’ouverture il y a à peine quelques jours de Labiomista, une oeuvre d’art évolutive sur la diversité de la vie, créée et imaginée par l’artiste belge Koen Vanmechelen (1965) ne pouvait que susciter mon intérêt…

 

« Nous sommes un mix d’humain et de nature » explique l’artiste qui, à Genk, dans le Limbourg a ouvert avec l’aide de la ville marquée par l’empreinte charbonnière, un endroit tout à fait singulier. A l’image du mix unique de nationalités et de cultures qui ont forgé son identité urabaine : 100 nationalités pour 66 000 habitants. Il n’y a pas eu que les mines à Genk. Il y eut aussi l’industrie automobile entre autres avec Ford, jusqu’à la décadence en 2012. C’est sur l’un de ces sites miniers, le Zwartberg, qu’est né Labiomista : « C’est dans cette ville blessée, qui a perdu 2x fois son identité, que j’avais envie de recommencer avec la même énergie déployée autrefois pour extraire le charbon de la terre » explique KV.

 

Qu’est-ce qui se cache sous ce nom ? Un parc pour se balader au milieu des poules of course, réfléchir et s’interroger sur ce que l’on voit ? Labiomista, lieu mixte, indéfinissable aussi mystérieux et joli que son appellationveut donner l’opportunité au visiteur d’avoir un autre regard sur la diversité biologique et culturelle, l’identité et les échanges constructifs. Et encore, les Droits de l’Homme et de l’Enfant à travers la vision et le travail de cet artiste belge aussi inclassable qu’intéressant : « Labiomista est aussi un lieu de travail, un incubateur d’idées, de créations, de projets et de modèles nouveaux injectés dans la ville et bien au-delà. Aux confluents de l’art, de la science et de la société. »

 

Voilà pour le fond. On a compris dans les grandes lignes qu’il s’agit d’une immersion dans la pensée de l’artiste, omniprésent d’un bout à l’autre du parcours : « un voyage à la rencontre de découvertes inattendues sur un site patrimonial unique. »

 

Et pour la forme ? Et bien, c’est magnifique ! On passe d’une découverte à l’autre – des poules évidemment mais aussi des alpacas, des dromadaires, des autruches -, d’une discipline à l’autre dans une scénographie impressionnante orchestrée par Vanmechelen en collaboration avec l’architecte suisse Mario Botta (1943) à qui l’on doit le bâtiment d’accueil ‘The Ark’ et le studio de Koen, ‘The Battery’, axe central du site. « C’est absolument fascinant de réunir les divers aspects de mon travail en un seul endroit et de voir quelles idées, quels projets nouveaux peuvent y naître. Pour la région, mais aussi pour le monde entier », explique KV. Le bâtiment ancien que l’on aperçoit entre les deux nouveaux était l’ancienne résidence du directeur de la mine et du zoo de Zwartberg. Il s’agit de la Villa OpUnDi, du nom de la Open University of Diversity de KV.

Tous les mots, phrases qui ponctuent la visite tels Sotwa, Cosmogolem, Labovo, The Looking Glass, Wooden Coin,etc. tout en étant d’une beauté et d’une poésie inattendues rajoutent une dimension au projet.

 

Croisement et lien, voilà peut-être les deux mots clefs du travail de KV qui souhaite susciter le débat entre scientifiques et visiteurs et interroge à travers une œuvre pluridisciplinaire -pour employer un terme classique- notre relation avec les autres êtres vivants, ceux avec lesquels nous partageons cette terre.

 

Alors Labiomista ?

 

Une œuvre d’art totale en mouvement, en devenir, aux confins de l’art, de la science et de la communauté qui repense la place de l’homme au sein de la nature.

 

Tentative audacieuse à la recherche d’un équilibre planétaire ?

 

Fascinant et totalement inédit.

 

Marcel Habetslaan, 50

B- 3600 Genk

Tél. : +32 89 69 55 90

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 19h (fermeture des caisses à 17h)

8€

www.labiomista.be

 

Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave