A l’heure où un rire, un pet ou un mot mal placé peut vous valoir une fatwa et que pendant ma visite avec l’artiste l’armée turque envahissait un journal qui osait critiquer le régime, le grand éclat de rire qui résonne à travers tout le MAC’s fait du bien et met les pendules à l’heure. Car Jacques Charlier ne se prive pas de dire en toute liberté (chèrement acquise) ce qu’il pense, avec intelligence, talent, humour et même autodérision.

 

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A l’heure où un rire, un pet ou un mot mal placé peut vous valoir une fatwa et que pendant ma visite avec l’artiste l’armée turque envahissait un journal qui osait critiquer le régime, le grand éclat de rire qui résonne à travers tout le MAC’s fait du bien et met les pendules à l’heure. Car Jacques Charlier ne se prive pas de dire en toute liberté (chèrement acquise) ce qu’il pense, avec intelligence, talent, humour et même autodérision. Tout y passe, les médias en ce qu’ils surexposent ( comme les éruptions volcaniques ou les questions stupides sur la fessée) ou sous-exposent (comme les chairs du Bataclan) et surtout tout le ‘système’ du monde de l’art : les peintres sous contrat (peintures à points),les artistes confinés dans un seul style ( qui marche), la répétition à l’infini du même concept (les coups de canif de Fontana présents dans toutes les foires – N.D.R. :150 000 à la dernière Brafa), les biographies élogieuses, les textes pédants, les prétendus connaisseurs, les critiques d’art etc. Ne pas mal interpréter sa démarche : l’artiste est passionné d’art, ami de plusieurs grands ‘ noms ‘ et respecte sûrement le premier coup de canif de Fontana, mais c’est le système, le ‘ business model ‘ auquel il s’en prend.

Tout ce petit monde en prend pour son grade et la première salle donne le ton : un soi-disant collectionneur y expose sa collection de peintures (de la main de Jacques Charlier qui a adapté chaque œuvre au style du cadre), avec des noms qui sonnent bien et une biographie fictive et vendeuse pour chaque artiste !

Si le second degré vous échappe encore, il y a à mi-parcours une table avec des écouteurs. Vous y entendrez Jacques Charlier évoquer son travail avec truculence et une pointe d’accent liégeois.

La dernière salle contient une œuvre spectaculaire qui renforce le propos de la perspective forcée et tronquée à travers laquelle on nous amène à vivre l’art contemporain.

 

Le communiqué du MAC’s

 

À l’invitation du MAC’s de lui consacrer une importante exposition, Jacques Charlier répond ironiquement par ce slogan publicitaire : « peintures pour tous » Peintures italiennes , Peintures fractales , Peintures inqualifiables, sont les titres phares de cette exposition en forme de juke-box. Le but ? En faire voir de toutes les couleurs à la peinture, et échapper par cet « éclectisme radical » au marché qui réclame aux artistes toujours les mêmes « tubes ». Une méthode ? La caricature et le pastiche qu’il administre de main de maître au monde de l’art, comme une fessée. Sa devise ? Qui aime bien châtie bien ; car la peinture passionne Charlier autant qu’elle le désenchante.

 

L’exposition au MAC’s

 

Capture d’écran 2016-03-07 à 11.30.59Cette exposition est donc un bel hommage monographique à un des grands artistes belges contemporains. Elle réunit une cinquantaine de peintures récentes, quelques caricatures et une vidéo des années 1970 ainsi qu’une installation inédite produite par le MAC’s à découvrir dans la salle carrée. Il s’agit d’une chambre d’illusion d’optique, inspirée de celle qu’inventa l’ophtalmologue américain Adelbert Ames en 1946, que Jacques Charlier a fait produire par le Musée pour y exposer des tableaux. Avec cette installation qui tient de l’attraction foraine, Jacques Charlier émet l’hypothèse que l’histoire de l’art reposerait sur un système d’illusion. Pour lui, le monde de l’art nous forcerait à observer l’actualité artistique selon une perspective forcée qui déformerait la réalité et donc l’art véritable. De son point de vue critique, un artiste ne serait pas nécessairement « grand » parce que sa cote est haute sur le marché ou sa popularité élevée dans les médias. C’est ce mirage, cette manipulation, voire ce « complot » disent certains détracteurs de l’art contemporain, que le peintre-truqueur s’applique avec sa chambre d’Ames à déconstruire pour rééduquer notre regard.

 

Jacques Charlier, artiste historique

Jacques Charlier commence sa carrière à l’aube des sixties en s’inscrivant d’emblée dans les grands mouvements des années 1960, dont le Pop Art. Avec son comparse Marcel Broodthaers, héritier du surréalisme, de 15 ans son aîné, il pratique l’avant-garde américaine déferlant dans les galeries parisiennes en l’adaptant à l’identité belge. Jacques Charlier y réagit de manière conceptuelle et analytique. Avec Broodthaers, il fréquente les galeries belges les plus en vue, imprégnées d’art minimal et conceptuel. Il y croise Kosuth, Toroni et Buren, avec qui il se lie d’amitié. Dès 1975, Charlier continue sa carrière en cavalier seul. Il rencontre le jeune commissaire d’exposition Jan Hoet avec qui il collabore durant toute sa carrière. Charlier participe en 1986 à la légendaire exposition Chambre d’amis à Gant, où sa « Chambre d’ennemis » est une des installations les plus remarquées. Les œuvres de Charlier sont présentes dans les musées d’Ostende, au S.M.A.K. ou au MUHKA, ainsi qu’en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Il comptera également parmi les artistes belges invités à Herford dans le musée dirigé par ce célèbre curateur flamand et sera présent dans sa dernière exposition présentée à Geel peu avant sa mort.

 

Le parcours de Charlier revisite l’histoire de l’art en étant en permanence à la pointe de toutes formes d’émergence de la création actuelle, tous médias confondus. Rapidement, Charlier se positionne comme un artiste de la critique institutionnelle, interrogeant avec humour noir et maints détournements le système de l’art. Boulimique, il s’approprie tous les médias : la peinture, la caricature, la photographie, l’écriture, la BD, la sculpture, la chanson, la vidéo, l’installation… Il se met en scène en personnage flamboyant et joue avec les codes de la publicité et des médias.

 

Fan de Warhol, il réalise, « à la manière de », le portrait sérigraphié de Plastic Bertrand à qui la star américaine avait promis de réaliser son portrait. Jacques Charlier est à la fois un artiste belge par excellence et un inclassable expérimentateur, toujours à l’avant-garde, sans temps ni frontières.

 

Infos Pratiques

MAC’s

Site du Grand-Hornu

Rue Sainte-Louise, 82  B-7301 Hornu

ma-di:10-18

8€

In een tijd waar een verkeerd begrepen lach, scheet of woord je een fatwa kan bezorgen en tijdens mijn bezoek met de kunstenaar het Turkse leger bij een krant binnenviel omdat die het regime durfde te trotseren, is de enorme schaterlach van Jacques Charlier, die in alle zalen van het MAC’s weergalmt, meer dan welkom en zet hij wat orde op zaken. Jacques Charlier aarzelt niet om in alle (zuurverdiende) vrijheid te zeggen wat hij denkt, en hij doet het met intelligentie, stijl, talent en natuurlijk humor.

 

Capture d’écran 2016-03-07 à 11.31.33Alles gaat voor de bijl : de media in wat ze overbelichten (zoals vulkaanuitbarstingen of domme vragen over de psychologie van een mep) of onderbelichten (zoals het ‘vleselijke ‘ van Bataclan) en vooral het ‘systeem ‘ van de kunstwereld: kunstenaars onder contract (schilderijen met punten), kunstenaars beperkt tot één stijl (en goed verkopen), de eindeloze herhaling van hetzelfde concept (de Fontana ‘s met een cutter bewerkt en die in alle beurzen te koop staan – NDR: 150 000 € bij de laatste BRAFA), de lovende biografieën, pedante teksten, de zogenaamde experts , kunstcritici etc.

 

Begrijp zijn aanpak niet verkeerd: Jacques Charlier is een echte kunstliefhebber, vriend aan huis van een aantal grote ‘namen’ en hij kan de eerste messteek van Fontana zeker naar waarde schatten, maar het is het ‘systeem’, het ‘business model’ dat hij in het ootje neemt.

Iedereen deelt in de klappen en de eerste zaal zet de toon: een zogezegde verzamelaar toont er zijn verzameling schilderijen (van de hand van Jacques Charlier, die elk werk aanpast aan de stijl van de inlijsting !), met namen die goed klinken en een fictieve biografie voor elke kunstenaar!

Als de humor je nog ontgaat is er halverwege de tentoonstelling een tafel met koptelefoons. U hoort Jacques Charlier ( met vertaling) over zijn werk spreken ,uiteraard met veel humor

In de laatste zaal is een spectaculair werk te zien dat het beste commentaar geeft over de scheefgetrokken perspectief die de hedendaagse kunstwereld ons voorschotelt.

 

De mededeling van het MAC’s

 

Toen het MAC’s aan Jacques Charlier voorstelde om een grote tentoonstelling aan hem te wijden, was het ironische antwoord een reclameslogan: schilderijen voor iedereen! De expositie functioneert als een jukebox waarin de bezoeker kan kiezen tussen ‘Italiaanse schilderijen’, ‘fractale schilderijen’ en ‘ongehoorde schilderijen’. Charliers bedoeling? De schilderkunst het vuur aan de schenen leggen en door dit ‘radicale eclecticisme’ ontkomen aan wat de markt wil, namelijk dat kunstenaars altijd dezelfde ‘hits’ tonen. Zijn werkwijze? Karikatuur en pastiche als billenkoek voor de kunstwereld. Zijn devies ? Wie liefheeft, spaart de roede niet – want de schilderkunst boeit Charlier evenzeer als ze hem ontgoochelt.

De tentoonstelling in het MAC’s

Deze tentoonstelling is een mooi monografisch eerbetoon aan een van de grote Belgische hedendaagse kunstenaars. Ze brengt een vijftigtal recente schilderijen samen, naast enkele karikaturen, een video uit de jaren 1970 en een onuitgegeven installatie die in de vierkante zaal van het MAC’s wordt opgesteld. Het gaat om een kamer met een optische illusie, geïnspireerd door de kamer die de Amerikaanse oftalmoloog Adelbert Ames in 1946 uitvond en die Jacques Charlier door het museum heeft laten bouwen om er schilderijen in tentoon te stellen. Met deze installatie, die wat aan een kermisattractie doet denken, illustreert Jacques Charlier de hypothese dat de kunstgeschiedenis op een systeem van illusies berust.

Volgens hem dwingt de kunstwereld ons om de artistieke actualiteit te zien doorheen een forced perspective dat de realiteit, en dus ook de échte kunst, vervormt. Vanuit dit kritische standpunt bekeken, is een kunstenaar dus niet noodzakelijk “groot” omdat hij goed in de kunstmarkt ligt of populair is in de media. Het is deze waan, deze manipulatie, zelfs “complot” volgens sommige tegenstanders van de hedendaagse kunst, die de schilder-vervalser met zijn Ames-kamer wil afbreken, om ons opnieuw te leren kijken.

Jacques Charlier, historisch kunstenaar

Jacques Charlier begon zijn carrière aan het begin van de sixties door zich meteen aan te sluiten bij de grote kunststromingen uit die periode, waaronder de popart. Met zijn vijftien jaar oudere kompaan Marcel Broodthaers, een erfgenaam van het surrealisme, paste hij de Amerikaanse avant-garde die de Parijse galeries overspoelde, op een conceptuele en analytische wijze aan de Belgische identiteit aan. Samen met Broodthaers bezocht hij de bekendste Belgische galeries, die volledig van de minimale en conceptuele kunst waren doordrongen. Hij leerde er Kosuth, Toroni en Buren kennen en smeedde vriendschapsbanden met hen.

Vanaf 1975 zette Charlier zijn weg op z’n eentje voort. Hij ontmoette de jonge tentoonstellingscommissaris Jan Hoet, met wie hij zijn hele loopbaan lang samenwerkte. Charlier nam in 1986 deel aan de legendarische tentoonstelling Chambre d’amis in Gent, waar zijn “Chambre d’ennemis” een van de meest opgemerkte installaties was. Werken van Charlier bevinden zich in het museum van Oostende, het SMAK en het MUHKA, alsook in Frankrijk, Duitsland, Nederland en Luxemburg. Hij was een van de Belgische kunstenaars die in Herford werden uitgenodigd in het museum dat door de bekende Vlaamse curator werd geleid, en hij was ook aanwezig op diens laatste tentoonstelling in Geel kort voor zijn dood.

Het parcours van Charlier herinterpreteert de hele kunstgeschiedenis, gebruikmakend van alle mogelijke uitingen van de actuele kunstschepping, ongeacht het medium. Charlier, die al snel als de kunstenaar van de institutionele kritiek gold, stelt met veel zwarte humor en tal van verdraaide voorstellingen de hele kunstwereld ter discussie. Als een veelvraat eigent hij zich alle media toe: schilderkunst, karikatuur, fotografie, schrift, stripverhaal, beeldhouwkunst, muziek, video, installatie… Hij doet zich graag als een flamboyante figuur voor en speelt volop met de codes van de reclamewereld en de media.

Als grote fan van Warhol maakte hij, “in de trant van”, het zeefdrukportret van Plastic Bertrand, aan wie de Amerikaanse ster beloofd had zijn portret te vervaardigen. Jacques Charlier is tegelijk een typisch Belgische kunstenaar én een niet te categoriseren experimentalist die altijd aan de spits staat en tijd noch grenzen kent.

 

 

Practisch

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Rue Sainte-Louise, 82  B-7301 Hornu

di-zo 10-18

8€