« To see with ellipse »

Fabrice Samyn (1981) est l’un de nos ‘jeunes’ artistes les plus créatifs. On connait son travail depuis longtemps grâce à Olivier Meessen de la Galerie Meessen De Clercq, à l’exposition « Les Abeilles de l’invisible » au Mac’s en 2019, au Palais de justice en 2018 quand il avait crié, pendant deux jours, des prénoms dans la grande salle des pas perdus. Des prénoms qu’il avait trouvés gravés dans les arbres des parcs bruxellois, qu’il avait peints à la feuille d’or et ensuite pris en photo pour les réunir dans un petit livre. 

Il est présent aussi dans de nombreuses collections privées. 

Invité aujourd’hui par les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, qu’il fréquente assidument dès son plus jeune âge, il crée un dialogue subtil avec de nombreux chefs-d’œuvre du Musée Old Masters et du Musée Magritte. 

En fin connaisseur de l’histoire de l’art, Samyn observe, reproduit, interprète, interroge notre rapport au temps, au sacré, au langage, à l’émotion, au sensible. Ce sont des maitres comme Roger van der Weyden, Dirk Bouts, Hans Memling, Lucas Cranach, Jacob Jordaens et même Pierre Paul Rubens qui l’ont inspiré. Ses peintures, sculptures, dessins (il maîtrise toutes les techniques des plus anciennes aux plus modernes), photos, écritures ou performances remettent en question, avec une force tant poétique que spirituelle, notre perception des choses.

Au Musée Magritte, le dialogue entre les deux artistes qui partagent l’art de manier l’alliage visuel des contraires, de prendre le risque de représenter le silence et le vide ou encore, d’interroger la dimension plastique des mots est particulièrement fructueux.   

Avec 70 œuvres réparties entre les deux musées, il s’agit de la plus grande exposition monographique de l’artiste réalisée à ce jour. 

Dans une salle adjacente aux grands formats de Rubens, on découvre encore un intéressant panorama de son travail des dix dernières années. 

Une manière dynamique de remettre  en question le rôle des musées, leurs missions, leurs valeurs et même leurs accrochages. 

« Le musée d’Art ancien a toujours été un lieu perpétuel d’osculation[i] et de contemplation. Qu’est ce qui, dans une peinture persiste en une présence contagieuse à travers le temps ? Comment tutoyer frères et sœurs artistes défunts, d’un autre temps ? A nouveau la question se pose : Comment réconcilier la mémoire des sens, le passé et le présent ? » explique-t-il.

J’aime particulièrement l’installation dans la Salle Bernheim où l’on trouve un pommier tombé sur le sol à l’écorce rongée par des insectes xylophages dont les traces ont été recouvertes d’or. 

Au mur, une installation de fleurs d’agave et un portrait d’Adam & Eve à la mine sombre. Je vous laisse le soin de lire l’explication et d’en comprendre la symbolique. 

Texte & Photos Virginie de Borchgrave

Jusqu’au 13 février 2022

Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique

Musée Old Masters & Musée Magritte

3, Rue de la Régence

B- 1000 Bruxelles

Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 17h ; les weekends de 11h à 18h.

Fermé le lundi et les 1er & 11/11- 25/12- 1/01 & 2e jeudi de janvier 

Entrée : 15 EUR/ 10 EUR Réduit

www.fine-arts-museum.be


[i] – Mode de contact propre aux courbes et aux surfaces osculatrices. Ces différents degrés de rapprochement des courbes que l’on appelle communément contact, osculation. 

– Contact d’ordre supérieur d’une courbe, d’une surface en un point d’une autre courbe, d’une autre surface.