Événement emblématique du Domaine de Chaumont-sur-Loire, le Festival international des Jardins est, à mes yeux, un rendez-vous unique où se rencontrent création, culture, nature, imagination et poésie dans un cadre exceptionnel.
Chaque année, le Centre d’Arts et de Nature invite pendant 6 mois (d’avril à novembre) des artistes internationaux de très haut vol – peintres, sculpteurs, photographes – à venir créer des œuvres inédites sur le thème de la nature.
Ces œuvres en symbiose avec l’esprit des lieux sont disséminées sur les 32 hectares du domaine et à l’intérieur du château. Au fil des années, nous nous promenons, à la fois heureux de retrouver celles devenues pérennes et curieux des nouvelles à découvrir.
Un parcours de toute grande beauté, riche de surprises et d’émotions.
Cette année, ce sont e.a. :
- Fabienne Verdier (France, 1962) et ses grandes toiles où la ligne magistrale est nourrie aux sources de la tradition picturale chinoise
- Sophie Zénon (France, 1965) et son interrogation poétique et symbolique de notre mémoire paysagère et du passage du temps qui souligne subtilement, non seulement notre lien à l’environnement mais encore, les influences réciproques entre humain et végétal
- Claire Trotignon (Paris, 1985) et sa pratique particulière du collage – une collision entre des éléments appartenant au passé et des formes issues du futur – avec laquelle elle tente de parler autrement de notre époque
- Le duo G&K derrière lequel se cachent Stéphane Guiran (France, 1968) & Katarzyna Kot (Pologne, 1978) qui s’est formé au Domaine, il y a 3 ans au cours de la saison d’art propose une installation immersive visuelle et musicale au sein de la forêt de Bialowieza en Pologne, dernière forêt primaire européenne où nous expérimentons un temps poétique de reconnexion avec la nature.
- Nicolas Alquin (Bruxelles, 1958) avec e.a. ses bois révélés porteurs de la grande histoire de la sculpture, tant par ses références que par sa pratique, dans un dialogue entre l’héritage judéo-chrétien et l’influence des arts premiers sur l’art contemporain
- Stéphane Erouane Dumas (Boulogne-Billancourt, 1958) et ses Âmes Sœurs, une sculpture en bronze « mue par une singulière tectonique des plaques (…) qui trahissent la porosité entre le minéral et le végétal, entre la peau de la pierre et le froissement de l’écorce, entre la puissance et la fragilité et forment une image totémique de la douceur. »
- Olivier Leroi (Sologne, 1962) dont les gestes transforment de simples objets récoltés dans l’environnement qui deviennent des œuvres-clés aux interprétations aussi singulières qu’inattendues. Encore une démarche doublée d’une exploration sensible et poétique du monde qui nous entoure « ancré dans une observation minutieuse et une connexion intime avec la nature et le réel. »
- Carole Solvay (Belgique, 1954) est une artiste aussi sensible, douce, délicate et surprenante que les œuvres ‘légères’ de celle qui aurait voulu être ornithologue. Un travail aussi complexe qu’agile tissé lentement et méticuleusement de fragments de plumes qu’elle assemble avec des fibres, des fils de fer, du papier, du tissu, etc. Un travail en forme de méditation quotidienne émanant d’une artiste dont le silence et la solitude sont les bases de l’acte créateur. Résultat : « Sentinelles et Sporées » installations poétiques et aériennes, créées à partir de plumes de paon flottent entre espace et temps dans les somptueuses écuries du château, considérées à l’époque comme les plus belles d’Europe
- Anne (Marseille, 1941) & Patrick Poirier (Nantes, 1942) et « Le monde à l’envers », imaginé il y a quelques années est le reflet de leur préoccupation pour la violence qui règne déjà dans le monde tout en y ajoutant « une touche d’espoir et de lumière et peut-être un brin d’humour. »
- Yann Lacroix (France, 1986) et ses peintures paysagères empreintes d’un voile translucide et d’un flou luxuriant
- Miguel Chevalier (Mexique, 1959) dont le travail naît de l’observation du règne végétal et sa transposition imaginaire dans l’univers numérique. “Meta-Nature IA Quatre Saisons” vient d’une “base de données composée de différentes espèces d’arbres, de feuilles et de fleurs, en 2D et 3D, réalistes ou abstraites, et, pour la première fois, enrichie par des images de fleurs et de feuilles générées par une intelligence artificielle à partir de textes.” Le résultat est un ballet végétal ou mieux, un bain de nature des 4 saisons d’une beauté plastique impressionnante qui se déroule sous une musique vibrante qui nous immerge
- Vincent Laval (Île-de-France, 1991) dont l’intérêt pour le bois l’a amené naturellement à l’arbre dont “Plus loin dans la forêt” est la face à la fois visible et spectaculaire de l’iceberg : un enchevêtrement réalisé à partir de centaines de morceaux de bois glanés et ajustés les uns aux autres pour former une structure unique, exposé à la Grange Queneau à l’Hôtel Le Bois des Chambres.
Je pourrais encore écrire des pages et des pages sur cet endroit que j’aime par-dessous tout et dont j’aimerais juste vous avoir donné l’envie d’y aller.
Au cœur des paysages culturels du Val de Loire, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 25 ans, le Domaine de Chaumont-sur-Loire est un joyau dans le milieu de l’art et des jardins.
Il est surtout l’occasion de vivre, le temps d’un weekend, une expérience culturelle globale avec le Festival International des Jardins combiné à une étape au Bois des Chambres, un hôtel écologique où l’on peut réserver une table sur la terrasse du Grand Chaume, face aux nénuphars de la jolie pièce d’eau.
Un reportage de Virginie & Michel de Poncheville
Jusqu’au 2 novembre 2025
Tél.: +33 2 54 20 99 22
Hôtel Le Bois des Chambres
Tél.: +33 2 36 65 84 00
