BAE BIEN-U. Cycle ***

Troisième exposition en 7 ans de ce photographe coréen chez Axel Vervoordt, après « ConvexConcave » (2011) et « Counterbalance » (2014). Avec une ‘mise en éclairage’ particulièrement soignée, « Cycle » nous plonge dans différentes séries de photos prises entre 1981 et 2018.

Durant ses voyages sur l’île de Jeju, Bae Bien-U a saisi les différents éléments qui jouent avec la nature tels le vent, la mer et la terre. Une île dont le paysage est caractérisé par l’eau et des collines volcaniques recouvertes d’une riche végétation. En contemplant l’éternelle et répétitive dynamique des phénomènes, le photographe explique : « Quand un typhon approche, la mer se tait. Les roches et les arbres autour des ruisseaux de montagne commencent à retenir l’humidité par anticipation. Des vagues féroces s’écrasent contre la côte. L’eau monte violemment. Les vallées sont inondées comme la base d’une cascade. Néanmoins, dans un jour ou deux, la mer est de nouveau bénie de paix et de soleil. Des eaux lucides et cristallines se déversent dans les ruisseaux.

Mon travail contemple le typhon. La lentille explore l’influence de la nature à travers les ruisseaux lorsque les premiers signes apparaissent, et ensuite au bord de la mer, au pic de l’événement pour ressentir sa formidable énergie. La méditation continue jusqu’à ce que le silence revienne.L’ascension et la chute du typhon sont une inspiration pour les cycles de la nature ; dans le calme et la quiétude, on comprend soudain, comme une illumination, que les cycles naturels sont plus proches du Mandala que le monde des humains.J’espère alors que mon objectif pourra contenir la couche la plus silencieuse du courant (…) Au-dessus de la surface de l’eau, le typhon fait chuter les grosses vagues dans une frénésie incroyable (…) C’est la nature de la Nature de retourner à ses origines. »

Bae Bien-U est arrivé tout seul à la photographie après une formation à la peinture traditionnelle puis au design. Aucune retouche à ses images. Il travaille toujours à l’argentique. En une quarantaine d’années, il a construit une œuvre en harmonie avec la nature et en accord avec sa culture, où des paysages souvent horizontaux dégagent une force et une puissance inédites. Une oeuvre qui parle un langage universel.

Celui qui est considéré à raison aujourd’hui comme le plus grand photographe coréen est représenté à Paris par la galerie RXwww.galerierx.com

Terrace Gallery

 

NORIO IMAI. Material Ecstasy*

Deuxième exposition de Norio Imai (Osaka, 1946) ici après « White Event »en 2013 qui se focalise sur les pratiques qu’il expérimenta dans les années 60-70 y compris ses performances, peintures, films et photographies. Et comment il teste de manière innovante les limites de divers mediums.

« Imai est connu non seulement pour son immense, monochrome blanc mais aussi pour avoir été l’un des plus jeunes membres de la Gutai Art Associationqu’il rejoint en 1965. Gutai est le plus important mouvement d’artistes de l’après-guerre au Japon et l’un des plus importants courants internationaux d’avant-garde des années 50-60. »

Le titre de l’exposition est tiré de l’essai de Jean-Marie Le Clézio (Prix Nobel de littérature) « L’Extase matérielle » publié dans les années 60 où il écrivait que la beauté et l’énergie de la vie ne sont pas de l’esprit mais bien de la matière.

Un texte qui a été source d’inspiration pour beaucoup d’artistes japonais : « Le corps est vie, l’esprit est mort. La matière est être, l’intellect néant. Et le secret absolu de la pensée est sans doute ce désir jamais oublié de se replonger dans la plus extatique fusion avec la matière. » 

Une installation tout en matière au rez-de-chaussée. Des formes blanches -boules au sol et protubérances aux murs- au premier étage de l’autre bâtiment.

Le tout photogénique mais peu d’émotion ressentie.

Très (trop) intello pour moi ?

Escher Gallery / Patio Gallery

 Jusqu’au 23 février 2019

Kanaal

Stokkerijstraat, 19

B-2110 Wijnegem

Tél. : +32 3 355 33 00

www.axelvervoordtgallery.com

 

Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave

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