Le Project Space de la Villa Empain au sous-sol présente régulièrement des expositions auxquelles cela vaut la peine de s’intéresser. Celle-ci particulièrement. 

Partant d’un thème original : des morceaux de bois, en provenance de la ligne de front de la 1re guerre mondiale en Alsace ont été confiés à des artistes internationaux dont les pays ont été mêlés de près ou de loin au conflit. L’idée vient de Volker-Johannes Trieb, un artiste originaire de la région qui en a confié la responsabilité au commissaire néerlandais Mattijs Visser que nous avons rencontré. L’homme (aussi riche humainement que son CV et c’est peu dire) nous explique le principe : toutes les œuvres ont le même point de départ. Les 31 artistes sélectionnés ont reçu un bloc de chêne carré de 30 x 30 x 30 cm portant les stigmates de la guerre. Ils ont carte blanche pour en faire ce qu’ils veulent, leur donner une dimension, une interprétation ou peut-être, il servira de prétexte pour raconter leur histoire personnelle. Et ensemble, ils forment un plaidoyer pour la paix d’où émerge en filigrane, l’idée que s’il n’y a pas les artistes pour changer le monde, qui le fera ? 

« Les arbres ont été les témoins silencieux de la 1re guerre mondiale. S’ils pouvaient parler, ce serait sans doute pour nous raconter une histoire faite de souffrances indicibles. Certains portent la trace d’armes d’artillerie, d’autres de grenades ou de balles de fusil ; tous ont assisté aux mêmes horreurs… » nous explique-t-il.

Des ‘traces’ cachées jusqu’aujourd’hui qu’Anish Kapoor, Christian Boltanski, Tony Cragg, Günther Uecker, Pedro Cabrita Reís, Sean Scully, Kiki Smith, Berlinde De Bruyckere, pour ne citer que les plus célèbres d’entre eux ont ‘travaillées’, pensées, recréées, dans la plupart des cas, de manière magistrale. 

Les socles sur lesquels les œuvres sont exposées ne sont autres que les caisses dans lesquelles elles sont arrivées chez les artistes et voyagent désormais dans les différents lieux d’exposition autour du monde. Elles ont déjà été montrées en Allemagne (Kalkriese et Berlin et, après la Fondation Boghossian, elles iront encore à Bruxelles, au Parlement européen avant de s’envoler à l’ONU à New York en 2022. 

N.B.: Mentions spéciales pour « Double World » de Jean Boghossian, à gauche en face de vous, dans la 1re petite salle très sombre,  « Queens Brigade » de Christian Boltanski au fond de la 2e salle contre le mur et enfin, celle de Berlinde De Bruyckere à gauche dans la 3e et dernière salle.   

Texte & Photos Virginie de Borchgrave

Jusqu’au 24 octobre 2021

Fondation Boghossian – Villa Empain

67, Avenue Franklin Roosevelt

B-1050 Bruxelles

www.fondationboghossian.be