« Structures of Radical Will »

Je vous conseille en arrivant, avant de visiter l’exposition, de lire d’emblée le petit fascicule. 

Entre minimalisme et post-minimalisme, en adéquation parfaite avec l’architecture du lieu, Béatrice Gross nous met face à dix artistes, et non des moindres, dont deux contemporains. C’est elle dont on avait admiré le travail de commissaire des expositions conjointes de Sol Lewitt au Musée M de Louvain et au Centre Pompidou-Metz qui est la curatrice. 

On commence en couleur avec les « Overlapping parallels » du Français François Morellet (1926-2016), lignes autocollantes qui strient la fenêtre du petit jardin ; on poursuit en pénétrant sous les « Trajectories » de l’artiste roumaine Marion Baruch (1929), de grands fils en textile rouge et noir découpant l’espace qui nous amènent devant les « Linear Paintings », les tableaux de la Franco-canadienne Kapwani Kiwanga (1978) qui dans ses recherches sur l’architecture disciplinaire « et ses stratégies d’influence physiologique ou psychologique » reproduisent les couleurs des murs des écoles, prisons, hôpitaux, asiles… 

Au milieu de l’espace trônent les « Incomplete Open », ces cubes inachevés de l’Américain Sol LeWitt (1928-2007) auxquels répondent les « Round wood bar », les célèbres bâtons d’André Cadere (1934-1978) tout aussi incomplets :  « objet tridimensionnel de taille variable, la barre de bois rond n’a ni haut, ni bas, ni face, ni revers, ni début, ni fin » ce que l’artiste polonais appelle une peinture sans fin. N’empêche qu’ils sont jolis. 

Tout un parcours qui nous emmène face à une œuvre majeure de l’Américain Robert Morris (1931-2018), de larges pans de feutre industriel découpés suivant des motifs géométriques simples qui ne trouvent leur forme définitive qu’une fois accrochés au mur. Là rentre en jeu la pesanteur qui donne toute sa dimension à l’œuvre, à la fois molle et rigide. Monumental. 

C’est à l’artiste du Suriname stanley brouwn (sans majuscules svp) (1935-2017), figure centrale de la première génération d’artistes conceptuels européens – elle vivait à Amsterdam – que l’on doit la structure de bois qui épouse un coin de l’espace mural, auvent en supplément, presque comme un parloir ou un abri qui attise inévitablement notre curiosité. La chaleur de la matière y est sûrement pour quelque chose. 

Enfin, ne ratez pas « Hand Movie », le petit film de la chorégraphe et danseuse américaine Yvonne Rainer (1935) tourné en 1966 lorsqu’elle était en convalescence, immobilisée sur son lit où ses doigts se substituent à son corps alité, dans des mouvements souples de plus en plus complexes. Aussi subtil que magnifique ! 

Notez que l’exposition se divise en deux parties qui se feront écho lors de l’ouverture en juin du nouvel espace de la Fondation à St-Paul de Vence. 

Texte & Photos Virginie de Borchgrave

Jusqu’au 24 juillet 2021

Fondation CAB

32-34, Rue Borrens

1050 Bruxelles

Ouvert du mercredi au samedi de 12h à 18h

info@fondationcab.com

www.fondationcab.com