Vous allez dire que je suis, une fois de plus, très enthousiaste et je reconnais que je le suis souvent ! C’est dû au fait que je choisis avec attention ce que je vais voir et sur quoi je vais écrire. Je suis donc rarement déçue. Et cette exposition a largement dépassé mes attentes. Elle est même remarquable. Quand on pense que toutes ces œuvres font partie de la collection du musée, on en a le tournis. 

.be modern est une redécouverte de nos trésors, orchestrée par les conservateurs d’art moderne et contemporain, alors que la crise sanitaire fait rage dans tous les secteurs, y compris la culture. Plus d’avions pour transporter les œuvres d’un continent à l’autre pour telle ou telle exposition, peu d’aide accordée au domaine qui souffre beaucoup de la désertion du public, terrorisé à l’idée de fréquenter de tels endroits (alors que les restos sont bondés…) C’est l’occasion de s’intéresser à ce que l’on a sous la main et de fouiller dans les réserves. 

On commence fort avec une installation de Richard Long, d’une couleur exceptionnelle due à la roche dont il est composé, le plus beau que j’ai jamais vu. On poursuit avec une fragile petite aquarelle sur gaze de coton à l’encre de chine de Paul Klee (1917) ; une gouache de Picasso (1920) à peine plus grande réalisée à la craie noire et au pastel gras ; un petit bronze doré de Hans Arp (1936) ; un pape aux hiboux inattendu de Francis Bacon (1958) ; le fascinant « Entretien » de Evelyn Axell (1966) ; une huile orange en hommage au carré de Josef Albers (1967) ; une encre de chine sur papier de Christian Dotremeont (1997) qui ressemble à s’y méprendre à de la calligraphie farsi ; une très belle photo retravaillée de Christo (1969), etc. etc. Et on termine en beauté et sobriété, avec un marbre de Lili Dujourie et une fenêtre de Luc Tuymans (2004) qui dialoguent dans des couleurs similaires. 

Et je ne vous ai même pas parlé de Vantongerloo, Magritte, des superbes grands formats de Wifredo Lam, Hans Hartung et Antoine Mortier, du coloré Walter Leblanc, du très ancien Vasarely, du fin et élégant Soto et de l’échevelé Günther Uecher. Bref, un choix et une mise en scène épatants.  

A l’étage, trois Frank Stella – deux monumentaux et un petit -, en provenance de collections privées sont montrés pour la 1re fois au public. 

Au rez-de-chaussée, dans la salle Bernheim, l’installation vidéo « Purification » de Bill Viola. Deux volets qui complètent magistralement le parcours nous obligeant à traverser les salles du musée où il faut prendre le temps de flâner devant les Bruegel et autres merveilles. 

Je ne vous ai cité que quelques-unes des 150 œuvres issues de la collection d’art moderne et contemporain du musée. Et de conclure avec Pierre-Yves Desaive, responsable de la section art contemporain : « Cette redécouverte devrait constituer un moment fort, une occasion de s’ouvrir l’esprit dans une période difficile. »

Voilà en tous cas de quoi susciter de belles émotions et redonner des couleurs à notre quotidien. Une exposition qui devrait être obligatoire. 

En parallèle, le projet ART CARES COVID présente le travail de quarante artistes belges. 

Si le projet est méritoire, la qualité des œuvres est inégale. J’ai noté quelques noms dont   Olivia Hernaïz, Florian Kiniques, Maëlle Maisonneuve, Laure Forêt, Sophie Langohr, Younes Baba-Ali, Sabrina Montiel-Soto et enfin, l’installation sonore kaléidoscope de Caspar.  

Texte & Photos Virginie de Borchgrave

Jusqu’au 24 janvier 2021

Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique

3, Rue de la Régence

B-1000 Bruxelles

Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 17h et les weekends de 11h à 18h. Fermé le lundi. 

www.fine-arts-museum.be