« De la Lenteur et de la Mesure » **

 

Une belle maison de Henry Van de Velde dans un verdoyant quartier d’Uccle. Une demeure privée qui se prête au jeu d’expositions orchestrées sous la baguette du commissaire Emmanuel Lambion, directeur entre autres de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles.

 

Le point d’orgue est l’artiste britannique Tom Lowe, présent lors de notre visite et, son leitmotiv, le chiffre 98 qui se décline en cm dans toute la maison ! Hasard ou non ? Toutes les mesures de l’espace passent par ce chiffre d’or auquel a souscrit l’artiste. Alors connivence au-delà du temps entre l’architecte moderniste et l’artiste britannique qui se sont ‘rencontrés’ là ? Peu importe. C’est amusant de constater que la largeur de l’escalier, la hauteur de la porte d’entrée du sol à la serrure, la longueur du petit escalier qui descend vers le salon, etc. correspondent toutes au chiffre magique. Et Tom Lowe de créer toutes ces œuvres en fonction : la longueur du faux radiateur à la cuisine au sous-sol comme celle du câble du faux chargeur ainsi que les diamètres de la fausse télévision dans le salon comme celui du cercle exposé à l’entrée dans la cage d’escalier. Heureusement que l’on a eu droit à une petite visite guidée car si on n’avait pas lu le feuillet, comment deviner ? On serait passé à côté de l’essentiel.

D’autres artistes occupent la maison/œuvre d’art avec des œuvres discrètes qui s’y intègrent parfaitement,  sans en perturber l’harmonie tels que, par ordre de préférence, les palettes stèles à l’intérieur comme à l’extérieur de Shankar Lestréhan ; les plaques de cuivre gravées d’une citation et imprégnées de ses propres traces corporelles de Marianne Mispelaëre ; la série inédite de petits panneaux en bois, degrés zéro de la peinture de Boris Thiébaut « cachant un travail méticuleux et soigné d’assemblage et de composition qui ne se révélera pas à un regard pressé » ; la balance déséquilibrée par une micro intervention de Rokko Miyoshi « qui questionne dans son travail les rapports, les correspondances et les différences, de formes, de temporalités et de mesures, au travers d’interventions, volontiers minimales, qui soulignent ou instaurent des équivalences et des déplacements singuliers », etc.

 

En rapport à l’écrit, à la lecture, à l’architecture, à la technologie, à la métrique, à la concentration, voilà une exposition singulière à découvrir à… son rythme !

 

Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave

 

Jusqu’au 1 février 2020 (prolongation probable)

Maison Grégoire

292, Dieweg

B-1180 Bruxelles

Ouvert le samedi de 14h à 18h et sur rendez-vous

www.maisongregoire.be